Critique | Musique

[L’album de la semaine] Iggy Pop – Post Pop Depression

Iggy Pop et Josh Homme © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

ROCK | Flanqué du Queen of the Stone Age Josh Homme et du batteur des Arctic Monkeys Matt Helders, l’iguane renaît avec son meilleur album depuis Avenue B.

De cette mythique photo où il est affalé, terriblement blond dans son T-shirt T-Rex trop petit, un paquet de clopes entre les dents, au milieu de Lou Reed et de David Bowie, il est depuis janvier le dernier survivant. Iggy sait que ce sera lui maintenant le prochain à disparaître de cet historique cliché. Et pourtant, malgré ses 68 ans, son visage buriné et sa peau de lézard, il incarne encore comme personne le rock, sa rébellion, ses excès et son éternelle jeunesse.

Depuis l’exceptionnel Avenue B, disque de velours, paisible et rocailleux, paru en septembre 1999 comme pour clore en beauté ce XXe siècle barbare, l’Iguane continuait certes de se contorsionner et d’aboyer tel un chien fou, le poil long et le torse nu, devant des hordes de fans toujours excités. Il n’en enchaînait pas moins en même temps des albums insignifiants. Que ce soit en compagnie de ses Stooges: The Weirdness et Ready to Die. Ou en solo avec Beat Em Up, Skull Ring et ses drôles de trips francophiles. Les Préliminaires inspirés par La Possibilité d’une île de Houellebecq et l’inutile disque de reprises, Après, revisitant notamment Joe Dassin, Georges Brassens et Henri Salvador. Sénile, le vieux Iggy? Pas tout à fait. Roi du rock, Mister Pop sait encore s’entourer et c’est une nouvelle fois, sans doute, ce qui l’a ici sauvé.

En embauchant Josh Homme (qu’on lui a recommandé et qu’il a réussi à joindre par SMS), James Osterberg s’est trouvé le complice idéal. Un mec capable d’offrir un écrin solide et empreint d’une véritable identité à ses chansons. Le batteur des Arctic Monkeys, Matt Helders, cogne sur les fûts. Dean Fertita (QOTSA, Dead Weather) jongle avec les grattes et les claviers. Tandis que Troy Van Leeuwen (QOTSA) et Matt Sweeney (Zwan, Chavez) se joindront à eux sur scène… Le chanteur, guitariste et gourou des Queens of the Stone Age (aussi membre des Eagles of Death Metal même s’il n’était pas au Bataclan le soir des attentats parisiens) a embarqué sa clique et ses potes dans l’aventure.

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Enregistré en secret (Homme et Pop l’ont financé eux-mêmes pour en garder le contrôle et en préserver le mystère) au Rancho De La Luna, sous le soleil cramé du désert californien, Post Pop Depression ramène d’une certaine manière Iggy là où David Bowie et lui se sont quittés, à Berlin, dans la deuxième moitié des années 70.

L’ambiance est froide, crooneuse. Décharnée et désenchantée. Iggy boucle la boucle. Assez ironiquement quelques semaines, seulement, après le départ impromptu de son vieil ange gardien.

Le sombre et pesant Break into Your Heart, Gardenia, David Bowie en diable, American Valhalla avec ses faux airs de China Girl dépressif, Sunday avec ses choeurs féminins et son orchestre classique… Post Pop Depression (une expression de Fertita après le départ d’Iggy des sessions d’enregistrement) est d’une force sobre et d’un équilibre fragile. Enième renaissance d’un survivant qui, quand il se regarde dans le miroir le matin, doit voir la grande faucheuse qui a fait trébucher ses proches. Lust for life…

DISTRIBUÉ PAR CAROLINE.

LE 03/07 À ROCK WERCHTER.

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