Critique | Musique

L’album de la semaine : And in the Darkness, Hearts Aglow, de Weyes Blood

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© DR
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Album - And in the Darkness, Hearts Aglow

Artiste - Weyes Blood

Genre - Folk-Rock

Label - Subpop

Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

Avec son cinquième album, la talentueuse weyes blood se pose en héritière putative de joni mitchell.

En cette fin d’automne, Joni Mitchell annonce que sa récente apparition surprise live au Newport Folk Festival, fin juillet 2022, fera l’objet d’un futur album live. L’icône canadienne (1943), incarnation de la génération Laurel Canyon, comme le proche Neil Young, a subi une rupture d’anévrisme en 2015, qui l’a envoyée en longue rééducation et diminué ses facultés organiques, tactiles, musicales. Quel rapport avec le cinquième album de Weyes Blood, Natalie Mering au civil? Simplement, impossible de ne pas ramener le phrasé de Natalie à celui de Joni (qui a par ailleurs eu une passe amoureuse avec le père de Mering), notamment sur la charmante mélodie de The Worst Is Done. Une texture tenant de l’équilibrisme vocal, d’un maximum de féminité, de charge charnelle dans les mélodies, n’ayant aucun problème à tenir les notes hautes -pas plus que les autres d’ailleurs. Ce qui émerge des dix nouveaux titres de la jeune chanteuse californienne (1988) tient aussi à une qualité et à une facilité idéalement nord-américaines: celle d’amener l’auditeur à un sentiment intemporel, rêveur, onirique, volontiers cinématographique. Du genre qui rejoint la facilité suave des mélodies à la Fleetwood Mac période glorification californienne (The Worst Is Done, encore). Et aussi de cette marque de fabrique internationale, susceptible de passer à travers toute la présente époque, crises sociales et guerre en Ukraine comprises (A Given Thing). Avec une voix dans les défenses émotionnelles et un piano exécuté avec un maximum d’accords mineurs, des arrangements qui, pour le coup post-mitchelliens, frôlent volontiers l’electronica (Hearts Aglow, Twin Flame, In Holy Flux).

© National

No No Future

Mais que raconte l’éventuelle cousine musicale US de Laura Marling dans son cinquième album? “C’est la conséquence d’avoir à ce point son cœur brisé qu’il dégage une nouvelle lumière, expliquait-elle à un magazine anglais. Face au monde qui, de toute évidence, donne tous les signes de sombrer, la trentenaire amène sa propre idée de la lumière, salvatrice et régénérante, chansons d’amour comprises. Placebo ou médicament musical? Même si la première option semble plus réaliste, Mering assume complètement la prospection de ses sentiments intimes alors que les arrangements déploient leurs larges ailes, jouant d’une production sophistiquée -signée par elle et trois comparses- qui renvoie à une formule intemporelle: injecter la mélancolie solitaire renforcée par le Covid à l’espoir de futur évitant, au final, l’enfer. Exemple de grande envergure, dans l’ultime morceau, A Given Thing, comme si la Carole King de la période Tapestry projetait voix exceptionnelle et piano émotif pour les jours durs. Ceux sans aucun doute à venir.

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Le 05/02 au Botanique, Bruxelles.

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