Kanye West et Booba: le retour des boulets

Kanye West et Booba: les rappeurs toxiques n’ont pas dit leur dernier mot. © getty
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Malgré leur goût prononcé pour la polémique, et des albums qui ont du mal à retrouver un second souffle, Kanye West et Booba fascinent toujours.

On en a au moins tous un dans nos proches: c’est le pote de 20 ans devenu un peu lourdingue, le tonton franchement embarrassant, ou le voisin complètement beauf. Ils sont pénibles, plus d’une fois vous avez pensé à les virer de vos amis Facebook. Mais ils ont au moins cela pour eux: ils n’avancent pas masqués.

La même semaine sont ainsi sortis les nouveaux albums de Kanye West et Booba. Ou le grand retour de vos rappeurs toxiques préférés. Le premier a publié Vultures 1, en duo avec Ty Dolla $ign. Le disque arrive 20 ans après son premier album, l’emblématique The College Dropout. Et trois ans après son dernier, Donda, nettement plus dispensable. Il débarque surtout après un enchaînement de casseroles. Une batterie entière qui a démarré par le rapprochement avec Trump, a continué avec des délires du genre “si les Noirs ont subi 400 ans d’esclavage, c’est qu’ils l’avaient forcément un peu “choisi””, et a culminé avec une série de diatribes antisémites. La goutte de fiel de trop pour ses sponsors et son label, qui, l’un après l’autre, couperont tout lien. Depuis, Kanye West a présenté des excuses. C’était en décembre dernier, dans un post publié en hébreu, sur son compte Instagram…

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De son côté, Booba n’a pas poussé l’auto-sabordage aussi loin. Mais cela ne l’a pas empêché d’affiner son rôle de troll n°1 du rap français. Par exemple en se lançant dans une croisade contre ce qu’il a appelé les “influvoleurs”. Au point d’amener les députés français à se pencher de plus près sur les pratiques de ces influenceurs peu vertueux. Lors de son Complément d’enquête consacré à Cyril Hanouna, France 2 ira même jusqu’à Miami pour entendre Booba tailler un costard à l’animateur de TPMP. Plus dérangeantes sont ses sympathies pour les positions anti-trans de Zemmour, son complotisme anti-vaccin. Ou encore la manière dont il amène ses “troupes” à lancer des raids internet contre ses cibles…

Numéro uno

Sur son nouvel album surprise, Ad Vitam Aeternam, celui qui se compare à Voldemort a beau sampler Bob Marley (One Love!) et citer Arthur Rimbaud, c’est surtout sa misanthropie toute “célinienne” qu’il déverse. Un exemple au hasard : “Je préfère descendre du singe que de ce chien d’homo erectus” (Abidal). Le tout balancé en moins d’une demi-heure, toujours capable de fulgurance, mais cherchant souvent la bulle d’air musicale, l’air las. Malgré cela, B20, 47 ans, affirme encore et toujours: “Le rap français, c’est oim/Ils devraient tous m’appeler papounet.” Comme Kanye West, qui, après être apparu récemment affublé d’un bonnet pointu à la Ku Klux Klan (à moins qu’il ne s’agisse de celui des pénitents?), rappe à la toute fin de l’album: “Crazy, bipolar, antisemite/And I’m still the king

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À vrai dire, Vultures 1 et Ad Vitam Aeternam ont “leurs moments”. Sans jamais vraiment atteindre non plus les hauteurs discographiques passées de leurs auteurs. Mais sans parvenir non plus à dynamiter leur héritage. Entre provocs marketing et délires extrémistes, l’un comme l’autre se sont pourtant donné de la peine pour se saborder. Malgré cela, leur stature fascine toujours. L’un comme l’autre sont ainsi arrivés premier du classement album de l’Ultratop la semaine de leur sortie, Kanye West côté flamand, Booba côté wallon. Comment l’expliquer? À l’heure où le génie n’excuse, heureusement, plus tout, l’énigme est totale…

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