Critique | Musique

« I Lie to You »: Micah P. Hinson partage les affres de son désespoir

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© DR
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Album - I Lie To You

Artiste - Micah P. Hinson

Genre - Folk

Label - Ponderosa Music Records

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Micah P. Hinson sort de plus ou moins vieilles chansons de son placard et partage les affres de son désespoir.

Gimme a knife, I’ll show you my veins (…) Gimme a pistol, I’ll blow out your brain.” “Donne moi un couteau, je te montrerai mes veines. (…) Donne-moi un pistolet, je te ferai sauter la cervelle.” Micah P. Hinson, le singer-songwriter le plus déchirant de sa génération, n’a pas fait un stage à l’école du rire ou suivi une formation de clown pendant le confinement. Quatre ans après l’exceptionnel When I Shoot at You with Arrows, I Will Shoot to Destroy You, l’écorché est de retour avec un album noir de chez noir (jusqu’à quel point reste-t-il de l’espoir?).

© National

Né en 1981 à Memphis dans un foyer chrétien fondamentaliste, Micah Paul Hinson a un parcours d’artiste maudit. Sa vie, mouvementée, a été une suite de catastrophes, d’accidents, de coups durs et de drames… Micah a pris de la came très tôt (un moyen, comme la musique, d’échapper à l’ennui dans la trop paisible bourgade du Texas où il a grandi). Il a été arrêté pour fabrication de fausses ordonnances médicales, s’est fait virer de l’université, a dormi sous les ponts, a vu son équipement saisi par la police et a été sauvé par un grande-père ultraconservateur en même temps qu’un membre des Earlies (John Mark Lapham). Il a aussi failli mourir en 2011 dans un accident de la route en Espagne. Tellement grave qu’il a mis un an et demi pour retrouver l’usage de ses bras et a dû réapprendre à jouer de la guitare.

Cast our demons but let not god save our souls.” Chassons nos démons mais ne laissons pas Dieu sauver nos âmes. L’œuvre de Micah P. Hinson ne baigne pas dans l’auto- apitoiement. Agnostique et spirituel, ce fils de pasteur expose ses fragilités mais il veut surtout que l’humanité comprenne le chemin qu’elle a emprunté. Qu’elle saisisse les secrets que peut lui révéler son histoire. Et lui, le tourmenté, il ne cesse de s’y confronter. Enregistré en cinq jours et cinq nuits en Italie, en partie avec des musiciens locaux, I Lie to You est un disque à s’écouter près du feu. Un album de cow-boy pour faire chialer les cailloux et hurler les loups à la mort dans les grandes étendues désertiques américaines.

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Please Daddy, don’t get drunk this Christmas, I don’t wanna see my mama cry.“S’il te plaît, papa, ne te saoule pas ce Noël, je ne veux pas voir ma maman pleurer.” Même dans le choix de ses reprises (pour le coup une chanson de son idole John Denver, mort à 53 ans en pilotant un avion expérimental en fibre de verre), le bonhomme tape dans le lourd. Folk indé, country alternative… Porté par sa voix à la fois abîmée et réconfortante, I Lie to You est une collection de chansons écrites ces 25 dernières années et jamais présentées en bonne et due forme. De titres qui brisent les cœurs pour mieux en recoller les morceaux.

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