L’album de la semaine: « 24 », une nouvelle galette de roi pour la Fève

4 / 5
© DR
4 / 5

Album - 24

Artiste - La Fève

Genre - Rap

Label - Distribué par Walone

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Tête de gondole de la fameuse “nouvelle vague” rap, La Fève affirme son talent sur 24, nouveau projet imaginé entre Paris et Atlanta.

Pour un artiste, il n’existe pas 36 manières de bâtir une carrière: il s’agit soit de réussir à s’extirper de l’underground, soit de devenir cet underground. Pour La Fève, c’est la seconde option qui l’a emporté. Avec d’autres -So La Lune, Khali, H JeuneCrack, Mairo, etc.-, il est parvenu en effet à incarner la fameuse “next gen” du rap français. Une “new wave” alternative, appelée à la fois à succéder à la génération dorée de 2015-2017, mais surtout à bousculer un genre qui, caracolant en tête des chiffres de streaming, commençait à se reposer sur ses récents acquis. Le storytelling était limpide: alors que le rap FR s’embourbait dans la vase du mainstream, une nouvelle vague de francs-tireurs venait secouer le cocotier. Productions nébuleuses (Khali), voix extraterrestres (So La Lune) ou, comme avec La Fève, un flow semblant faire le pont entre mumble rap marmonné et rimes plus old school: de quoi donner un bon coup de frais.

Pour Louis Ambroise Germain de son vrai nom, ça s’est concrétisé avec le projet Kolaf, en 2020, puis l’année suivante, l’album ERRR. On y trouvait Mauvais payeur, tube de 2021, qui est devenu également l’un des hymnes de cette nouvelle génération. Depuis, La Fève a obtenu le disque d’or et répondu à une série d’invitations. Par exemple sur le titre Ingé son de Kekra, aux côtés d’Alpha Wann, deux rappeurs résumant bien, chacun à sa manière, la démarche de La Fève.

© National

Trap city

Deux ans après avoir “vomi” (sic) ERRR, La Fève revient avec l’album 24 (l’âge du rappeur de Fontenay-sous-Bois, né en 1999). La hype en moins, mais de nouvelles idées en plus. Pour se relancer, La Fève a effectué un “pèlerinage” à Atlanta. Deux fois trois semaines passées dans le berceau de la trap, capitale sudiste d’un courant qui a bouleversé le rap (et par ricochet la pop) des années 2010. Sur place, La Fève a notamment connecté avec le producteur XXL Zaytoven (Gucci Mane, Migos, Future, Drake, etc.) ou le Français expat’ Tarik Azzouz, autre ami des stars (DJ Khaled, Jay-Z, Lil Wayne, etc.). L’Histoire du rap FR est truffée de connections transatlantiques ne dépassant pas toujours l’anecdote. Dans le cas de La Fève, le pari est particulièrement réussi. Surtout parce qu’il lui permet de pousser un peu plus loin son propre rap.

Passé l’exercice trap imposé -au hasard, Type Shit, avec Yung L.A, produit par les fidèles Lyele et Kosei-, La Fève continue en effet de chercher. Sur RIP Keed, il annonce: “Que Dieu me punisse si je bégaie”. Avec 24, il évite la redite. Sans renier ses acquis, ni se refuser les collaborations bankable (500, avec Tiakola). Mélodies en sous-sol (le piano de 24), spleen carburant à la misanthropie (“Pardonne-moi si jepréfère rester solitaire”, sur le luxuriant Loyal), vices assumés (“L’instru pue le rat, les égouts, la plupart de mes phases les dégoûtent”, sur le triomphe trap de Navré): le rappeur trace sa route sans se retourner, maîtrisant son sujet. La Fève royal.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content