Vesselina Nikolaeva

© © VESSELINA NIKOLAEVA

Comment désavouer la jeunesse de ses grands-parents et parents pour écrire l’histoire de sa propre génération? Cette question, définitoire de l’adolescence, prend un tour décisif dans le travail de Vesselina Nikolaeva. Née en 1976 à Sofia, la jeune femme a quatorze ans quand tombe le régime communiste. Un héritage qu’elle interrogera une fois devenue photographe, notamment dans une série intitulée School n.7. De 2004 à 2005, Nikolaeva y suit 20 élèves de l’un des plus prestigieux établissements scolaires de Sofia. Scènes de classe, regards qui s’évadent, isolement volontaire, flirts, premières bitures, sexualisation de scènes banales, bal de promo: les épisodes se succèdent comme dans n’importe quel teen movie vite démodé. Mais les images de la Bulgare invitent aussi à une seconde lecture, forcément politique: si cette crise d’adolescence est celle des premiers adultes de l’après-Guerre froide, elle est aussi dans le même temps celle d’une jeune République balbutiante. Dans des clichés d’intérieur à l’atmosphère souvent confinée, Vesselina Nikolaeva capte des lambeaux d’esthétique communiste figée. En photographe de la disparition, elle immortalise de fragiles silhouettes entre deux âges -corps conducteurs, un peu malgré eux, d’une culture en cours d’obsolescence et par là même aussi de réinvention, entre nostalgie et révolte.

Chaque semaine, hommage à un photographe qui a su capter l’essence inflammable de la jeunesse.

Y.P.

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