Un coup de mou

© HULU

La minisérie qui feuilletonne la vie et les frasques du boxeur Mike Tyson retient étonnamment ses coups.

Personnage hors norme dans son sport comme dans sa vie publique et privée, Mike Tyson rentre difficilement dans le cadre. C’est aussi vrai quand il est le sujet d’une minisérie qui tente de revenir, en mode confessions, sur les multiples frasques d’une existence bien remplie: enfance dans le ghetto de Brooklyn, survie et exfiltration à coups de poings, championnat du monde poids-lourds précoce (à 20 ans, en 1986), mariage, chute, rédemption, nouveau titre, rechute, oreille croquée d’Evander Holyfield, accusation de viol, etc. Disponibles sur Disney+ chez nous, les huit courts épisodes (35 minutes en moyenne) ont été écrits, produits et réalisés par Steven Rogers et Craig Gillespie, le duo derrière le déjà percutant Moi, Tonya, en 2017. La personnalité de Mike Tyson et celle la patineuse sur glace Tonya Harding sont traitées peu ou prou dans les même tonalités et avec le même dispositif: une forme de faux documentaire-confessionnal qui donne ici l’opportunité au boxeur, incarné par un Trevante Rhodes (Moonlight) impressionnant de mimétisme (jusqu’au zézaiement caractéristique), de faire le bilan, sous forme d’auto-analyse brute de décoffrage, parsemée d’une sacrée dose d’ironie, mais où l’on n’apprend finalement pas grand-chose de neuf.

© National

Le canevas du scénario repose largement sur le one-man-show du champion, mis en scène en 2013 par Spike Lee, Undisputed Truth, dont il reconstitue des extraits. Mike fait des allers-retours entre la scène et les étapes d’une vie tumultueuse, d’où il s’exprime en brisant le quatrième mur. Le spectateur voit défiler son entourage: son premier coach et mentor Cus D’Amato (Harvey Keitel), son manager Don King (Russell Hornsby), ancien caïd de la pègre passé maître de cérémonie incontournable, sa première épouse, l’actrice Robin Givens (Laura Harrier)… Si l’extraction de sa condition d’extrême pauvreté -lui le gamin que tout le monde pensait demeuré- bénéficie d’un traitement savoureux, ses choix de vie, sa relation aux femmes, aux médocs et les conséquences de son tempérament volcanique associés à une célébrité fulgurante sont eux vite expédiés, voire franchement édulcorés. L’épisode de sa condamnation pour le viol de Desiree Washington, en 1992, crée le malaise, avant d’opérer un changement de narration soudain qui sauve in extremis la série d’une sortie de route assurée. Certes, Mike est une fable savamment rythmée mais qui tape trop souvent à côté de ses enjeux réels et prend même des gants, comme apeurée par la démesure de ses personnages, pour façonner un récit semi-hagiographique finalement un peu tiède.

Mike

Une série créée par Steven Rogers. Avec Trevante Rhodes, Russell Hornsby, Harvey Keitel. Disponible sur Disney+.

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