L’homme qui rajeunit – Autour d’un homme né vieux pour vivre ensuite à rebours, David Fincher signe une fable virtuose et romantique sur le temps et le néant.

De David Fincher. Avec Brad Pitt, Cate Blanchett, Tilda Swinton. 2 h 45. Sortie: 04/02.

David Fincher s’aventurant du côté de la fable, à coloration romantique encore bien, voilà qui a le doux parfum de l’inattendu. Adapté de F Scott Fitzgerald, The Curious Case of Benjamin Button voit l’auteur de Fight Club et autre Seven avancer en terrain inédit, donnant à son parcours une inflexion étonnante de prime abord, mais pas moins féconde pour autant.

Voici donc l’histoire d’un homme, Benjamin Button (Brad Pitt), qui naît à La Nouvelle Orléans dans les années 1910, avec les traits ravinés d’un vieillard, avant de grandir à rebours, et remonter le cours de l’existence. Destin forcément singulier que celui-là, dont les premiers avatars sont une « enfance » dans une maison de retraite, avant un engagement sur un rafiot qui le conduit bientôt dans les brumes de Mourmansk – les épisodes fondateurs d’une existence mouvementée et remplie des paradoxes liés à une évolution inverse à celle de ses semblables.

Chemin faisant, Benjamin a rencontré Daisy (Cate Blanchett), (omni) présence et amour exclusif de son existence. Autour de leur relation se cristallise toutefois l’inconfort de sa condition, tant il est vrai qu’à défaut de pouvoir suspendre le temps, ces deux-là sont confrontés à la difficulté de ne pouvoir s’accorder…

Virtuose et consensuel

Film-événement de ce début d’année, désormais bardé, qui plus est, d’une kyrielle de nominations aux oscars (lire ci-dessous), The Curious Case of Benjamin Button s’avère une fable aussi enivrante dans son concept que dans les interrogations qu’elle brasse autour de la course du temps et de l’existence, avec son inexorable appel vers le néant.

Enchanteur et touffu, d’une foisonnante densité même, le film laisse un sentiment paradoxal: éblouissant dans sa forme, atteignant parfois à une grâce pure et une magie authentique, s’appuyant encore sur des prestations 24 carats de Brad Pitt et Cate Blanchett, Benjamin Button apparaît aussi comme un hybride pas toujours concluant. Signant, comme de coutume, une mise en scène virtuose, Fincher n’arrive pas, en effet, à véritablement imposer sa personnalité sur un film qui évoque par moments Forrest Gump (avec qui il partage le scénariste Eric Roth), ou encore Big Fish – on se demande, d’ailleurs, ce qu’aurait fait un Tim Burton de pareil matériau.

La stimulante étrangeté du propos étant également assaisonnée de romantisme assumé et de sentimentalisme, on parlera donc ici du film le plus consensuel de l’auteur de Zodiac. Ce qui n’ôte rien, au demeurant, à ses éclatantes qualités.

www.benjaminbutton.be

Jean-François Pluijgers

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content