Son corps et autres célébrations

Si cette rentrée littéraire devait nous enseigner une chose, ça serait d’accepter que les autrices anglo-saxonnes ont désormais tous les ressorts du genre dans leur carquois, du gore à la science-fiction, et que de Nina Allan à Kristen Roupenian, elles comptent bien en faire des usages retors, permettre à un pouls différent de palpiter dans la chair littéraire. Son corps et autres célébrations, troublante collection de nouvelles, ne fait pas exception: de Particulièrement monstrueux, relecture fragmentée en vrille et clones de la série New York, unité spéciale, à À corps perdu et sa boutique de robes de bal spectrales, ce sont autant de contes contemporains cousus au fil de la violence et de l’étrangeté que nous livre Carmen Maria Machado. D’une épouse greffée d’un ruban vert qu’elle défend âprement contre le désir avide de son mari à l’ Inventaire des jouissances d’une narratrice qui vit sous la menace imminente d’un virus à forte propagation, ses héroïnes luttent comme elles peuvent contre tout ce qui corsète leur existence. On a rarement lu un premier recueil avec une telle vibration, capable de diffuser autant un sentiment de malaise que d’admiration. De quoi multiplier les possibilités de « ce qui se joue au-dedans de [nos] paupières » et attendre avec impatience le premier roman de cette ensorceleuse à la toxicité sublime.

De Carmen Maria Machado, éditions de l’Olivier, traduit de l’anglais (États-Unis) par Hélène Papot, 320 pages.

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