Home sans âme – PlayStation Home pourrait bien être le prologue d’un méta univers sans précédent sur consoles de jeu. Mais il ne s’agit encore que d’une copie décharnée de Second Life.

édité et développé par Sony, âge N. C., disponible sur PS 3 en téléchargement gratuit.Mannes financières providentielles pour éditeurs, les mondes virtuels communautaires étendent pour la première fois leur emprise au format console par l’entremise de Sony. Son PlayStation Home reprend les principaux gimmicks du surmédiatisé Second Life sur PC, sans parvenir à égaler ses vertigineux méandres culturels et codes sociaux. A sa décharge, il faut préciser que cette jeune communauté virtuelle tout en 3D léchée ne vivote pour l’instant que dans un état de bêta test embryonnaire. Mais Sony claironne déjà 3,4 millions de copies téléchargées depuis ses débuts, il y a huit semaines. Un buzz, un vrai donc, mais qui à force d’avoir été trop retardé et attendu est retombé comme un soufflé.

On ne la fait pas à Sony en matière d’univers 3D en ligne. Avec Everquest, le géant japonais avait livré le premier MMORPG (jeux de rôle massivement multi-joueurs) sur console. Logique donc que le succès planétaire de Second Life l’ait poussé à réitérer cet exploit sur le terrain des metaverses, ces mondes virtuels communautaires. PlayStation Home n’est donc pas un jeu vidéo, juste un chat social en 3D nanti de fonctions évoluées.

Résidence surveillée

Aussi chaleureux qu’une fenêtre Windows, les graphismes de Home s’apparentent à une publicité aseptisée pour poudre à lessiver. Exit les fantasmagories mi-animales et mi-humaines de Second Life. Exit aussi les connotations sexuelles ou religieuses ( voir encadré). Froid et réaliste, cet univers en résidence surveillée s’articule à ce jour autour d’un centre commercial, d’une place publique, d’un cinéma, d’une salle de jeu et d’une île sponsorisée par une boisson caféinée.

Après avoir personnalisé un avatar 3D à la garde-robe très limitée – pour pousser à l’achat de vêtements de 0,75 à 1,99 euro pièce -, le joueur déambule entre six lieux pour cinq activités ludiques basiques (échecs, billard… 1), quelques visionnages de bandes annonces et du shopping. Colonne vertébrale du logiciel, le chat se solde souvent par un « Bonjour » suivi d’un « d’où viens-tu? ». Le reste est un supplice. Les plus courageux tentent bien des dialogues en groupes – que l’on peut voir publiquement – mais taper des textes au joypad relève de la gageure. Home est néanmoins compatible au casque pour des dialogues audio. Une interface qui risque d’en rebuter plus d’un, la dissimulation totale de tout lien IRL (In Real Life) étant l’attrait des mondes virtuels.

Handicapé par une demande de paiement absurde pour ses fonctions communautaires avancées (créer un groupe de discussion coûte 5 euros!), Home se résume à des bribes de conversations inutiles, du jeu en ligne et du shopping de meubles, d’accessoires et de résidence secondaire (4,99 euros). Sony ne s’en cache d’ailleurs pas, il s’agit d’une plate-forme de vente et de publicité en ligne.

(1) En attendant l’arrivée, au printemps prochain, d’EA SPORTS Complex dans Home avec du poker et de la F1.

Michi-Hiro Tamaï

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