Le Roi chien

L’un des écrivains majeurs des lettres japonaises contemporaines, Hideo Furukawa est notamment l’auteur du fulgurant Soundtrack, roman punk revisitant les mythes pour mieux les inscrire dans un Tokyo uchronique, récit d’apprentissage rageur pour temps incertains. De celui-là, Le Roi chien (dont Masaaki Yuasa a tiré un anime musical) apparaît en quelque sorte comme un prolongement inspiré, même si d’une approche sensiblement différente. À l’origine du roman, on trouve le Heike Monogatari ( Le Dit des Heiké dans sa traduction française), Iliade nippone dont Furukawa s’était vu proposer de réaliser une nouvelle traduction en japonais moderne, décidant dans la foulée de donner une suite à l’épopée guerrière. Située à la fin du XIVe siècle, 150 ans après la guerre des Taira et des Minamoto, l’histoire gravite autour de deux personnages: Tomona, fils de plongeur rendu aveugle par l’éclat d’une épée, et parti pour la capitale impériale où il devient joueur de luth biwa. Et Inuô, le roi chien, enfant difforme et masqué pratiquant la danse. De leur rencontre et de leur amitié littéralement fusionnelle va découler un roman déroutant, empruntant dans sa forme à la tradition orale qu’il relève des audaces propres à l’auteur. Un récit vibrant d’une rare énergie, où Furukawa, non content de revisiter une oeuvre fondatrice de la mythologie littéraire japonaise, trouve dans la geste épique et ses ramifications en cascade, ainsi que dans les plis d’un pacte faustien, matière à une réflexion foisonnante sur le pouvoir libérateur de l’art et la quête de la beauté. Fascinant.

De Hideo Furukawa, éditions Picquier, traduit du japonais par Patrick Honnoré, 172 pages.

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