Heidegger et l’École de Kyôto

Chercheur discret, plus à l’aise dans les cénacles de savants que sous les feux de la rampe médiatique, Bernard Stevens est pourtant un des grands innovateurs belges de la philosophie contemporaine. C’est à lui qu’on doit en particulier les premières enquêtes véritables, dans le monde francophone, à propos des plus célèbres figures de la pensée japonaise du XXe siècle: Keiji Nishitani, Kimura Bin, Kitarô Nishida ou Masao Maruyama. Mais, plus encore que nous pousser à tourner notre regard vers l’Orient, ce qui l’intéresse ce sont les ponts déjà existants -la manière dont, à un moment donné, certains penseurs européens sont entrés en contact avec les philosophes d’Orient et en sont sortis changés. Ainsi de Martin Heidegger, que ses rencontres fréquentes avec des étudiants venus du Japon conduisirent un jour à rédiger un texte célèbre: D’un entretien de la parole (entre un Japonais et un qui demande). Dans Heidegger et l’École de Kyôto, Stevens part donc de la figure de Heidegger pour retracer tout un réseau de correspondances entre Orient et Occident, qui, depuis les écrits du philosophe de la Forêt Noire, finit par englober le Zen ou la calligraphie, la question du nihilisme ou celle de l' »atmosphère » ( » aida« , en japonais). C’est érudit, sérieux et écrit avec le soin scrupuleux de l’universitaire -mais c’est aussi, pour qui est prêt à l’effort, plein de pépites à méditer.

De Bernard Stevens, éditions du Cerf, 360 pages.

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