Djinns

© National

Combien sommes-nous en nous-même? Penda est coupée en deux, entre France et Sénégal. Sa vie est un pas de deux, où elle cohabite avec son djinn “du genre blanc de chez blanc”, qu’elle a passé toute son enfance à réprimer, mais avec lequel l’entente est désormais pacifiée. Jusqu’à ce qu’elle apprenne que son ami Jimmy piégé par son propre djinn vient d’être interné. Face à la violence de l’institution, elle s’interroge sur son propre avenir. Peut-être est-il auprès de sa grand-mère, Mami Pirate qui lui transmettrait bien son savoir de guérisseuse? “Aucun des patients de cette clinique ne ressemblait aux patients de Mami. Aucun des patients de Mami ne se tapait la tête contre le mur. Aucun des patients de Mami ne bavait. Aucun des patients de Mami n’avait le regard vide. Aucun des patients de Mami Pirate n’était enfermé. Jimmy l’était.” La langue de Seynabou Sonko, qui est également musicienne, danse au fil des lignes avec un humour gracieux, rythmée par les répétitions, naviguant entre une multitude de français différents, celui de l’école, celui de Mami Pirate, celui de Paname, un français riche de ses déchirements. “Comme ici on me prenait pour quelqu’un de là-bas, et là-bas pour quelqu’un d’ici, moi aussi j’avais une difficulté à être, tout court.” Ce que raconte Djinns, à travers la confrontation entre la science et les croyances, mais aussi la double appartenance culturelle, c’est cette sensation d’être multiple, et la nécessité de réconcilier ces identités, pour ne plus en faire des moitiés, mais bien autant de touts qui se multiplient.

De Seynabou Sonko, éditions Grasset, 180 pages.

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