Micmacs sur la platine. Avec DJ Hero, Activision célèbre l’art du mashup en alignant une playlist prestigieuse et un gameplay singulier. Mais le jeu de rythme ne détrône pas son cousin, Guitar Hero.

Édité par Activision Blizzard et développé par FreeStyle Gameset, âge 12+, disponible sur Nintendo Wii, PlayStation 3 et Xbox 360.

Frustré d’avoir récemment vu son Guitar Hero 5 se faire voler la vedette par The Beatles: Rock Band, Activision récidive avec DJ Hero. Déjà abordé par Konami, ce turntablism vidéoludique revisité profite cette fois de la hype des fausses guitares en plastique. Et s’offre une platine factice doublée d’une console de mixage. Le tout auréolé d’une centaine de mashups parmi lesquels une poignée d’exclusivités orchestrées pour l’occasion par Eminem, Jay-Z et Grandmaster Flash. Sans oublier Daft Punk et ses 8 inédits. Suffisant pour recréer la magie et le jackpot financier de la saga Guitar Hero?

Seule certitude en attendant le verdict en magasin et en ligne (pour la vente de morceaux additionnels), avec DJ Hero l’édition musicale prouve qu’elle aborde le jeu vidéo comme un canal de vente prometteur. Beck et DJ Shadow, Dizzee Rascal et Justice, Gorillaz et Blondie, les Foo Fighters et les Beastie Boys… : la longue liste des sulfureux VS de DJ Hero impressionne. Et essaye de traduire l’art du DJing en gameplay.

Mashup VS Joystick

Comme dans Guitar Hero, le joueur frappe donc une série de touches sur une table de mixage greffée à une unique platine. Le tout dans le bon timing et en suivant les indications de la piste qui défile à l’écran pour récolter des points.

Particularité de DJ Hero, ses 3 touches rythmiques incrustées dans une platine servant à mimer des scratchs, avec des glissés du doigt combinatoires en aller-retour lors de « notes » spéciales. A l’image du réglage du pitch qui se triture à l’aveuglette dans des timings précis pour accumuler les points – et non pour ralentir ou accélérer la piste – , cette prise en main ignore tout réalisme. Juste un gimmick. L’utilisation du cross fader est, elle, heureusement plus fidèle. La manette permet ainsi de basculer d’une piste à l’autre pour marier l’ADN de titres que tout semblait opposer, à l’image du versus entre l’ Ace Of Spades de Motörhead et le Groundhog de Noisia. Bien vu. D’autant que des manips finaudes comme les spikes, des mouvements très brefs du cross fader, sont aussi au rendez vous. Dommage qu’à mi-parcours, le potentiomètre horizontal ne se cale pas facilement car le geste est vital pour marquer des points. Les rewinds, qui demandent un tour complet du plateau, se soldent eux par une perte de contrôle totale de la partie quelques secondes durant. Rien d’handicapant cependant pour boucler le mode carrière du jeu.

Cassant l’ambiance avec ses défis d’enchaînement de 4 à 5 mashups non reliés les uns aux autres, DJ Hero décevra également les joueurs désireux de scratcher plus loin, vu qu’aucun mode de création libre n’a été aménagé. Malgré ces fautes, le titre d’Activision se pose comme une excellente leçon théorique hyper léchée et fun permettant de comprendre les principes de base du DJing. Meilleure même que pour Guitar Hero et consorts car nettement plus proche de la réalité. Reste à voir si les kids (comme les adultes) accrocheront: triturer une platine est tout de même nettement moins sexy que dresser une guitare électrique en l’air, les genoux pliés.

Michi-Hiro Tamaï

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