Contes cruels du bushido

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Avec Contes cruels du bushido, Ours d’or à la Berlinale en 1963, le cinéaste japonais Tadashi Imai (1912-1991) signait un film de samouraïs s’écartant sensiblement des canons du genre. Nulle romantisation, en effet, dans une œuvre dont l’action débute au son d’une ambulance, dans la grisaille du Tokyo contemporain. Sa fiancée venant de faire une tentative de suicide, un homme, tout à sa douleur, entreprend de passer en revue l’histoire de sa famille, et des malheurs n’ayant cessé de l’accabler, de génération en génération, depuis le milieu du XVIIe siècle, au nom du bushido, le code d’honneur des samouraïs. Et le récit de se déployer parallèlement à l’Histoire du Japon, le destin du clan Likura et de ses chefs successifs -tous campés par l’excellent Kinnosuke Nakamura- se déclinant en suicides rituels et autres humiliations cruelles par loyauté envers les seigneurs féodaux. Un sort funeste que Tadashi Imai envisage par son versant le plus sombre, pour livrer, au gré d’un drame d’une envoûtante et funèbre beauté, une photographie saisissante d’une société gouvernée par la violence la plus crue et l’injustice. Imai était un réalisateur engagé “du côté des faiblesen effet, comme le rappelle Futoshi Koga dans l’intéressant portrait proposé en bonus, et resituant l’auteur de Ombres en plein jour,La Femme infidèle et ce film emblématique dans l’Histoire du cinéma nippon, entre les grands maîtres qui avaient débuté à l’époque du muet comme Ozu et Mizoguchi et la Nouvelle Vague qui devait émerger à compter des années 60. À (re)découvrir.

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De Tadashi Imai. Avec Kinnosuke Nakamura, Eijirô Tôno, Kyôko Kishida. 1963. 2 h 03. Dist: Carlotta.

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