Ahl Nana

© National

“L’Orchestre National Mauritanien”

En 1971, Ahl Nana se produit à Agadir quand un ministre local fan de sa musique interpelle le roi du Maroc Hassan II. Le groupe plaît beaucoup aux politiciens car il reflète alors l’image d’une Mauritanie moderne et arabe qu’ils défendent. Sa Majesté affrète dare-dare un avion militaire pour faire jouer la famille à Fez dans un festival en son honneur. Le concert est retransmis à la télévision nationale. Et le producteur Ali Boussif, qui est devant son écran, invite la smala à Casablanca. Ahl Nana n’a enregistré sur bandes que quelques singles et deux albums. Tous dans les studios à Casa du label Boussiphone. Tombé par le plus grand des hasards dans l’oreille et les mains d’une maison de disques gantoise grâce à un vendeur ambulant, à la découverte d’une mine d’or mélomane et d’un magasin près de la Gare du Midi ouvert par Abderrahim Boussif pour la communauté marocaine de Bruxelles, L’Orchestre National Mauritanien se voit maintenant compilé en dix titres, un double album et un peu plus d’une heure. On y entend les musiques mauritaniennes se mélanger aux sonorités du Mali, du Ghana, du Niger, du Liban… Leader du groupe, la matriarche de la famille (Mint Soueid Bouh) a grandi à Tombouctou, au carrefour des civilisations africaines. Ce disque incroyable, ensorcelant et vertigineux contient les premiers enregistrements de musique moderne de la région saharienne. En réinventant la musique traditionnelle avec l’introduction de la guitare électrique, il marque la naissance d’un genre désormais bien connu en Occident. Ce sablonneux blues du désert popularisé par Tinariwen, Tamikrest et autre Mdou Moctar… L’oreille et la pochette induisent en erreur: la voix aiguë qui guide le disque n’est pas celle d’une femme mais bien celle de Yassine Ahl Nana, le plus jeune des fils. Une merveille.

Distribué par Radio Martiko/NEWS.

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