Critique | Expos

Trois œuvres immanquables à retenir de l’exposition Bill Viola à Liège

4,5 / 5
Heaven and Earth, 1992. “Cette sculpture est composée de deux écrans cathodiques qui diffusent chacun un film: d’un côté, un portrait de nouveau-né (le fils de Bill, NDLR), de l’autre, sa mère agonisante. Chaque image se reflète dans l’autre. L’enfant est né quelques mois après le décès de sa grand-mère. Cette œuvre qui rappelle par certains aspects le fameux Nantes Triptych signe une rencontre pour l’éternité. L’art y pallie les défections de la vie.” © anthony dehez/dbcreation
4,5 / 5

Concert - Bill Viola. Sculptor of Time.

Date - Jusqu'au 28/04

Salle - La Boverie, Liège

Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

La Boverie, à Liège, accueille une exposition qui fera date consacrée à l’artiste contemporain Bill Viola. Des 18 œuvres qui composent le parcours, nous en avons sélectionné trois particulièrement marquantes.

Juste retour des choses que ce soit Liège, plutôt que Bruxelles par exemple, qui accueille cette exposition-événement consacrée à Bill Viola (New York, 1951). Depuis sa naissance au début des années 1950, la Cité Ardente a toujours été férue d’art vidéo -la ville a fait place à la première expo nationale sur le sujet. Et, en matière d’images en mouvement, le Docteur Honoris Causa de l’Université de… Liège fait figure de maître incontesté. Il fallait donc une proposition à la hauteur. On doit celle-ci à Tempora, opérateur culturel connu pour ses expositions blockbusters (Johnny Hallyday, Toutankhamon…) qui prouve ici sa légitimité à aborder un travail centré sur la question du sacré -une dimension difficile à brader. Pour ce faire, les petits plats ont été mis dans les grands. Ou plus exactement, les “petits” cubes dans le vaste édifice, La Boverie, si l’on s’en réfère à la scénographie sans compromis -aucune volonté de spectacularisation du propos- ponctuée par du son, du silence et des sortes de boîtes noires invitant à découvrir les projections à la faveur d’une intimité immersive. “L’agencement a été décidé en fonction de l’architecture du lieu”, explique Kira Perov, épouse et binôme artistique de Viola qui commente trois œuvres pour nous (ci-contre). Le corpus de 18 œuvres révèle un choix chronologique homogène, des vidéos comprises entre 1992 et 2014. Soit une période charnière creusant notamment un sillon pictural fort inspiré par les toiles de la Renaissance -Giotto, Bosch, Pontormo… Il n’est pas abusif de parler de véritables tableaux mouvants. Un procédé de slow motion étire les scènes au point de permettre à l’œil de percevoir ce qu’il ne voit habituellement pas. “Viola pratique une véritable phénoménologie du visible, explique Vincent Delvaux, l’un des commissaires. Celle-ci stimule davantage l’émotion que l’intellect.

Heaven and Earth, 1992. “Cette sculpture est composée de deux écrans cathodiques qui diffusent chacun un film: d’un côté, un portrait de nouveau-né (le fils de Bill Viola, NDLR), de l’autre, sa mère agonisante. Chaque image se reflète dans l’autre. L’enfant est né quelques mois après le décès de sa grand-mère. Cette œuvre qui rappelle par certains aspects le fameux Nantes Triptych signe une rencontre pour l’éternité. L’art y pallie les défections de la vie.” © anthony dehez/dbcreation
The Quinted of the Astonished, 2000. “Les cinq personnages de cette vidéo renvoient directement à l’influence de la peinture sur l’œuvre de Bill. La référence en question est un tableau de Jérôme Bosch, Le Couronnement d’épines. Ce sont des émotions qui sont ici mises en scène -la souffrance, la peur, l’extase… Cette scène, qui est filmée par une caméra ultrarapide à la vitesse de 300 images/seconde, est ensuite étirée au montage pour que ces affects prennent une dimension spirituelle.”
The Quinted of the Astonished, 2000. “Les cinq personnages de cette vidéo renvoient directement à l’influence de la peinture sur l’œuvre de Bill. La référence en question est un tableau de Jérôme Bosch, Le Couronnement d’épines. Ce sont des émotions qui sont ici mises en scène -la souffrance, la peur, l’extase… Cette scène, qui est filmée par une caméra ultrarapide à la vitesse de 300 images/seconde, est ensuite étirée au montage pour que ces affects prennent une dimension spirituelle.” © bill viola studio/kira perov
Inverted Birth, 2014. “Cette pièce est l’une des dernières créées. Un homme se tient dans l’obscurité, imbibé d’un liquide noir. Des gouttes d’une eau terreuse s’écoulent sur le sol. Peu à peu, le liquide remonte au point de se transformer en un bruyant déluge. D’autres liquides surgissent dans la foulée: le sang, le lait, l’eau et finalement l’air. Il est question d’un passage de l’obscurité à la lumière, de la mort à la vie, une naissance inversée...”
Inverted Birth, 2014. “Cette pièce est l’une des dernières créées par Bill Viola. Un homme se tient dans l’obscurité, imbibé d’un liquide noir. Des gouttes d’une eau terreuse s’écoulent sur le sol. Peu à peu, le liquide remonte au point de se transformer en un bruyant déluge. D’autres liquides surgissent dans la foulée: le sang, le lait, l’eau et finalement l’air. Il est question d’un passage de l’obscurité à la lumière, de la mort à la vie, une naissance inversée…” © anthony dehez/dbcreation

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