Critique | Expos

Sixmille: la déclaration d’amour de Sarah Lowie aux destins à la marge

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© Sarah Lowie
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Titre - Sarah Lowie: Sixmille

Date - Jusqu'au 24/09

Lieu - au Musée de la Photographie, Charleroi

Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

La salle 3 du Musée de la photographie à Charleroi est un parallélépipède ingrat. Une sorte de boîte à chaussures, coupée de la lumière naturelle, dans laquelle les photos peinent à respirer. Paradoxalement, cet espace révèle les travaux photographiques qui sortent du lot, ceux faisant valoir une densité à couper au couteau. C’est le cas de ceux de Sarah Lowie, talent passé par l’ESA Le 75, qui y montre une quinzaine de clichés de Sixmille -le code postal de Charleroi, titre à comprendre comme un écho au 8 Mile d’Eminem-, une série exposée à plusieurs reprises, notamment à Contretype ou à la Médiatine.

Quand il entre dans la pièce, le visiteur a, sur sa droite, le regard aimanté par une image, monopolisant un pan de mur entier, de Charleroi by night. À la manière d’une fenêtre ouverte sur la ville, le visuel met dans le bain. Cette contre-carte postale prépare à la suite, à savoir les représentations éclatées de Madil City Gang, groupe de rappeurs disparu de la circulation. Verticaux ou horizontaux, les portraits granuleux se détachent -c’est particulièrement vrai de ceux qui racontent les après-concerts, sur des arrière-plans auréolés perçus comme à travers les gouttelettes d’une pipe à eau. Bruts à souhait et cernés d’un liseré noir, les tirages argentiques signés Jean-Pierre Bauduin magnifient les jeunes corps, les entrelacements et surtout tous ces détails -une bouteille de Jack Daniels, de l’eau qui ruisselle sur un visage, un matelas écrasé…- témoignant d’une déclaration d’amour envers les destins qui s’écrivent dans la marge.

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