Adèle
Aproh, l’autodidacte du dessin à découvrir au MIMA: « Instagram m’a ouvert beaucoup de portes »

© Étienne Gayard
Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

La jeune Adèle Aproh fait partie du beau panel de dessinateurs repris dans l’exposition Popcorn au Mima. Une artiste à suivre de près.

Gare: les visages typés et obsédants caractéristiques du travail d’Adèle Aproh sont en passe de conquérir le monde. On a récemment vu ces clones viraux à Londres, à la faveur de The Way of All Flesh, un événement programmé du côté de la Saatchi Gallery, ou encore, rien de moins, sur le Sunset Boulevard de Los Angeles le temps d’un group show, Body Language, organisé conjointement par Atla et la galerie IRL. Sans compter qu’une autre galerie, Scroll, lui concocte pour l’été sa première exposition personnelle à New York.

À Bruxelles, c’est dans l’œil du MIMA qu’a tapé cette artiste nourrie aussi bien aux tableaux de Jérôme Bosch qu’aux albums BD de Chris Ware -la découverte de ces derniers a d’ailleurs changé la vie d’Adèle. Soit, exactement le genre d’envolée, doublée d’un « tunnel de taf« , qui fait craindre le syndrome de l’artiste indisponible ayant pris le melon. Pas du tout, en vrai. « Ce n’est pas facile pour moi de parler de mon travail, je suis beaucoup plus à l’aise avec des crayons de couleur », s’excuse timidement celle qui se définit comme une dessinatrice compulsive depuis l’enfance. Issue d’un milieu -des parents médecins- « où l’art est davantage un passe-temps qu’un métier », Adèle Aproh s’est longtemps interdit de faire de son talent sa vocation. Elle a d’abord suivi un cursus de cinq années d’études de commerce, puis a pris une année sabbatique, avant de travailler trois ans dans le secteur de la mode, au pôle com. « À la fin du lycée, la possibilité d’entrer dans une école d’art s’est présentée mais j’ai préféré faire le choix le plus rassurant, matériellement parlant. Au moins, j’aurai testé la vie d’entreprise. Ça a eu l’avantage de m’apprendre ce que je ne voulais pas faire. »

Mais comment s’y prendre quand on est autodidacte et qu’on débarque dans le game arty sans le moindre contact? « Instagram a été une vitrine sur le monde qui m’a ouvert beaucoup de portes », constate cette bosseuse acharnée perfusée au café. Et peut-être qu’une certaine dimension militante -dont on prend le pouls au travers de personnages peu genrés et racisés- a elle aussi contribué à la diffusion de l’œuvre? Si c’est le cas, c’est malgré Adèle Aproh, dont l’intention majeure est de se perdre dans une trame narrative au temps long gavée de détails. Elle précise d’ailleurs que les visages scandant ses compositions sont autant de variations du sien, une matière malléable, disponible en permanence grâce à un miroir.

Adèle Aproh – Bio express

Activité dessinatrice

Âge 27 ans

Lieu Paris

Actu Exposition POPCORN présentée au MIMA (Bruxelles), jusqu’au 26/05.

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