Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Avis de tempête – Sur son 2e album, le Danois s’éloigne de plus en plus de l’électronique pour se rapprocher d’un rock tourmenté et impétueux.

« Into The Great Wide Yonder »

Distribué par NEWS.

***

Anders Trentemøller n’est pas près d’oublier son passage au festival des Ardentes, en 2008. « On avait à peine lancé les premières notes qu’un orage s’est abattu sur le site. C’était démentiel. Toute la foule s’est encourue pour trouver refuge plus loin, tellement la pluie était violente. Moi-même, j’étais trempé. Un de nos disques durs est tombé en rade, mon laptop a complètement pris l’eau. Je faisais des signes pour arrêter, mais finalement on a terminé le concert. »

Cela dit, il faut croire que le Danois a une connexion particulière avec les éléments naturels. Quand on le rencontre le mois dernier, le volcan Eyjafjöll crache toujours de quoi boucher une partie du ciel européen. Or que voit-on sur la pochette de son dernier CD, Into The Great Wide Yonder? « Une photo d’un nuage de cendres volcaniques! On a pourtant imaginé ça il y a 2 mois. Et voilà qu’aujourd’hui, on est en plein dedans. Dingue, non? Comme si on avait pu voir dans le futur! (rires) Au départ, on trouvait que cela donnait une image assez sombre et dramatique, qui correspondait bien à la musique. Effrayant et beau à la fois. »

Traversée en solitaire

C’est plutôt bien vu. Pour son 2ième album, Anders Trentemøller a en effet pondu un disque tourmenté, mais jamais pesant. Une sorte de soleil noir, qui doit de moins en moins à l’électronique, et de plus en plus au krautrock, au trip hop ou à la new wave, autant de genres sinon plombés, en tout cas animés par un caractère ténébreux.

Au départ, le Danois s’est fait un nom en balançant une série de morceaux plus directement techno. « Cela m’a ouvert des portes. Mais je ne me retrouve plus trop dans ce monde-là. Cela m’a toujours semblé un peu superficiel, trop centré autour de la fête. Ce qui est important, mais il y a tellement plus dans la musique à explorer… «  Après une longue tournée, le musicien s’est donc réfugié chez lui, à Copenhague, histoire de souffler un peu. « Pour cela, Copenhague est une ville idéale, très calme. Je peux ralentir et commencer à repenser à la musique. En même temps, on y trouve des endroits très cool, même si le gouvernement danois a tenté de fermer de nombreux lieux alternatifs ces dernières années -ils ont mis pas mal de pression sur Christiana par exemple (la « commune libre » de Copenhague, autogérée par une communauté mêlant anar’, hippies, squatters…, ndlr) « 

Réflexe hérité malgré tout de l’électronique, Into The Great Wide Yonder a été enregistré quasi en solitaire – « le fait d’expérimenter, de jouer des instruments que je ne maîtrise pas, a pu donner un cachet en plus, une aspérité qui m’intéressait. Quand c’est trop propre, je m’ennuie très vite ». En travaillant seul, Trentemøller ne s’est pas seulement facilité la tâche. Il s’est aussi plongé plus facilement dans une ambiance qui percole dans tout le disque. « Je dois admettre que la solitude me convient bien, aussi bien dans le processus d’écriture que d’enregistrement. J’aime ne pas être perturbé. Je bosse pas mal la nuit, quand la ville dort. Il n’y a pas de téléphone qui sonne, ou de mail auquel répondre. On tombe alors plus facilement sur cette mélancolie que j’aime bien retrouver dans ma musique. »

Laurent Hoebrechts

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content