Raphael Saadiq

« Jimmy Lee »

Depuis maintenant plus de 30 ans, Raphael Saadiq mène une carrière à part. Pas vraiment dans l’ombre, ni l’anonymat, mais avec une espèce de léger décalage qui lui a parfois valu le titre de « musicien le plus sous-estimé » de sa génération. Après avoir intégré le groupe de Prince, à l’âge de 18 ans, il a notamment cartonné avec le projet de r’n’b Tony! Toni! Toné!, puis le trio Lucy Pearl. Producteur émérite -pour D’Angelo, Mary J. Blige, Solange, Jill Scott, etc.-, il dessine également depuis 2002 un parcours solo, à la discographie brillante, à défaut d’être pétaradante…

Discret, il pouvait aussi, parfois, donner l’impression d’une certaine distance. Avec Jimmy Lee, Charles Ray Wiggins de son vrai nom (né en 1966) baisse aujourd’hui la garde. Lui qui s’était refusé jusqu’ici de piocher trop explicitement dans sa vie pour alimenter sa musique a pondu un album autour de l’un de ses frères. Dans une famille secouée par les drames -overdose, accident de voiture, suicide-, Jimmy Lee était le grand frère junkie, mort de complications liées au sida. Saadiq en fait le fil rouge d’un disque dont le souffle renvoie aux grandes oeuvres soul des années 70. À cet égard, si Marvin Gaye et Stevie Wonder sont des noms que l’on a souvent cités pour parler de la musique de Saadiq, cette fois-ci, l’intéressé ne se laisse pas enfermer par les références. Émouvant ( The World Is Drunk, comme une suite mélancolique de Sign o’ the Times), n’hésitant pas à couper brutalement la plupart de ses morceaux (ni à « oublier » volontairement de citer la présence de Kendrick Lamar sur Rearview), il chante la colère ( My Walk où il raconte:  » I love Jimmy but Jimmy smoke crack and sold my horn« ), la résilience (l’épatant single Something Keeps Calling) et l’espoir ( I’m Feeling Love). Malgré tout.

Distr. Sony. Le 28/10 au Depot, Louvain.

8

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