PAULINE BURLET A EU LES HONNEURS DE LA CROISETTE ET DES MARCHES DU PALAIS DES FESTIVALS. LA TOUTE JEUNE ACTRICE BELGE ÉBLOUIT DANS LE PASSÉ, ET L’AVENIR LUI TEND LES BRAS.

Quand elle est arrivée à la première répétition collective du film de Far-hadi, Pauline Burlet ne savait pas que le rôle principal du Passé ne serait finalement pas tenu par Marion Cotillard (trop occupée par un autre projet) mais bien par Bérénice Béjo. Cherchant des yeux celle dont elle avait joué le personnage d’Edith Piaf enfant dans La Môme, la jeune comédienne montoise vit s’avancer vers elle, souriante, une Bérénice Bejo qu’elle ne reconnut pas. Drôle de démarrage pour la première grande expérience cinématographique d’une adolescente qui avait fait de Cotillard son idole, mais qui déclare aujourd’hui ne pas regretter que cette dernière n’ait pas joué Le Passé, « parce qu’elle ne m’aurait pas laissé la place que Bérénice m’a laissée… » Et Pauline s’est de fait épanouie devant la caméra précise, exigeante, révélatrice, d’un Asghar Farhadi ayant fait le bon choix pour le personnage clé, tourmenté, difficile, de Julie. Tout avait commencé par une audition où Burlet avait fondu en larmes, intensément émue, suivie quelques semaines plus tard par l’annonce par le metteur en scène qu’elle était choisie. « Moi qui n’ai pas d’expérience, moi qui n’ai jamais pris un cours d’acteur, c’est une pression de malade quand quelqu’un comme lui vous dit: « Je te donne ce rôle, c’est le plus beau que j’ai écrit dans ma vie, c’est mon enfant, mon bébé, mais je te le donne, je te fais confiance… » »

La gomme et le four à micro-ondes

Pauline aime révéler les « petits trucs » qu’Asghar Farhadi utilise pour « surprendre les acteurs » afin de les mener « plus encore au coeur de ce naturel qu’il ne cesse de rechercher« . Comme quand la jeune comédienne belge devait prendre une gomme dans un tiroir: « Il avait caché la gomme tout au fond pour que je doive chercher, m’acharner avant de la trouver. Il a fait de même avec Bérénice Béjo, en dissimulant tout au fond de son sac les clés qu’elle croyait y trouver facilement… » Parfois même, le réalisateur bousculait ses interprètes. « Par exemple, pour que j’arrive à me mettre dans les états extrêmes par lesquels passe Lucie, il me disait: « Tu sais, si t’arrives pas à pleurer, c’est pas un problème, tu peux toujours changer de métier »… Là, les larmes coulent toutes seules, ça prend pas deux secondes!« , sourit rétrospectivement une Burlet très impressionnée par le travail d’un cinéaste « inspiré, trouvant constamment réponse aux questions comme si ça ne venait pas de lui mais d’une force qu’il transmet« . Elle loue aussi la précision d’un artiste pouvant « faire retirer un four à micro-ondes du cadre parce qu’il est jaune et qu’il pourrait attirer l’attention du spectateur sur l’objet et non sur les comédiens, ses comédiens, qu’il veut absolument mettre en avant, et qu’il place en fonction du rapport (par exemple dominé-dominant) des personnages dans telle ou telle scène donnée« . Pauline a encore dans les yeux des étoiles de bonheur, et signe dans Le Passé une prestation passionnante. Celle qu’on vit voici peu dans Dead Man Talking de Patrick Ridremont fait d’ores et déjà partie des grandes promesses de demain.

L.D.

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