Lucky Man

Ils viennent du Bronx ou de Brooklyn. Sont enfants en maillot de bain ou avec masque de hibou, jeunes ténébreux ou déjà bien installés dans la vie adulte, avec un regard nostalgique et une pudeur de sentiments. La vie les a affublés d’une coupe de cheveux ratée, d’un père en prison ou d’une bedaine proéminente. D’Ellis, le client habitué du Clifton’s Place qui se laisse prendre au jeu de la mémoire défaillante de Sadie, la propriétaire, à Ty, l’adolescent passe-muraille qui appréhende le passage chez le coiffeur où il risque d’être  » entouré de tous ces hommes intelligents venus se rassurer mutuellement sur leur masculinité« , tous semblent en attente d’un petit coup d’éclat dans leur vie d’hommes noirs. De quelque chose qui les sorte du ghetto, des assignations rigides ou de leur quotidien. En court ou en long, on suivra donc volontiers Jamel Brinkley dans de prochains questionnements ou mystérieuses sarabandes, tant les personnages (aux failles ouvertes et souvent munis d’un double-fond) de ces neuf nouvelles nous semblent façonnés avec la même subtilité de ton que ceux de David Simon (créateur des séries The Wire, The Deuce, Treme). De ceux qu’on prend le temps de connaître et de chérir au-delà des doutes.

De Jamel Brinkley, éditions Albin Michel, traduit de l’anglais (États-Unis) par France Camus-Pichon, 336 pages.

7

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content