Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

LE PLUS LONG FILM DE L’ANNÉE EST INDIEN ET CHRONIQUE UNE LUTTE ENTRE GANGSTERS POUR LE POUVOIR DANS UNE VILLE MINIÈRE. PERCUTANT!

Gangs of Wasseypur

D’ANURAG KASHYAP. AVEC MANOJ BAJPAI, TIGMANSHU DHULIA, PIYUSH MISHRA. 5 H 20 (EN DEUX PARTIES). SORTIE: 21/10.

7

Il n’a pas froid aux yeux, et s’impose parmi la nouvelle vague de réalisateurs indiens indépendants des studios, de plus en plus présents dans les festivals internationaux. Anurag Kashyap signe avec force et audace des films percutants, violents, peignant un tableau sombre et révolté de la société. On verra au printemps prochain son thriller « noir » Ugly, révélé à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes… et toujours bloqué par la censure indienne à l’heure où s’écrivent ces lignes. Gangs of Wasseypur (lui aussi sélectionné à la Quinzaine) s’inscrit dans la grande tradition des sagas criminelles, celle où brillent des oeuvres majeures comme The Godfather de Coppola, Once Upon A Time In America de Leone et Goodfellas de Scorsese. Kashyap y chronique, sur trois générations, la lutte brutale pour le pouvoir de deux clans de gangsters musulmans rivaux dans une petite ville d’une région (le district de Dhanbad, dans l’Etat de Jharkhand, ex-Bihar) connue autrefois comme « la capitale indienne du charbon ». Tout commence à l’époque coloniale, quand les Anglais dirigeaient toujours le pays. Shahid Khan fut le premier à se lancer dans l’attaque et le pillage de trains, défiant le puissant Ramadhir Singh et ouvrant le cycle infernal des représailles et des complots, pour les décennies à venir…

Vendetta

Gangs Of Wasseypur n’est pas avare de violences. On s’y bat à coups de fusils, de revolvers et de bombes, mais aussi de couteaux, de poings et de pieds. De l’assassinat ciblé à l’assaut général, les confrontations se multiplient, filmées avec une force rare, un sens du danger et de la panique dont Anurag Kashyap sait rendre l’urgence palpable. L’univers impitoyable où nous emmène le film est croqué avec réalisme, notamment dans ce paradoxe qui voit des caïds s’enrichir monstrueusement sans rien changer à leur style de vie, vestimentaire notamment, à la différence des Tony Montana et autre Don Corleone d’Occident. Le réalisateur s’offrant par ailleurs des échappées quasi oniriques, et quelques clins d’oeil savoureux au cinéma de Bollywood, tellement prisé des protagonistes qu’ils se prennent par moments pour des stars de l’écran et calquent leur comportement sur elles! Comme toute bonne saga du genre, Gangs of Wasseypur affiche aussi une dimension politique, dénonçant une corruption généralisée qui laisse le crime imposer sa loi. Kashyap nous informant, lors de son récent passage à Bruxelles (1) que le conflit continue aujourd’hui, et oppose désormais une sixième génération de malfrats…

(1) ON LIRA SON INTERVIEW LORS DE LA SORTIE DE UGLY.

LE DVD DE GANGS OF WASSEYPUR SORT ÉGALEMENT CETTE SEMAINE VIA TWIN PICS.

LOUIS DANVERS

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