L’Énigme Elsa Weiss

Tel-Aviv, années 70. Une femme se suicide en se jetant d’une fenêtre… et tombe dans l’oubli. Trente ans plus tard, une élève de Madame Weiss se souvient de celle qui était sa professeure d’anglais, femme retranchée derrière les mots d’une autre langue. Cette enseignante, qui se gardait d’empathie ou de mépris, mais cherchait avec exigence la collaboration de ses élèves, a existé; ce fut celle de Michal Ben-Naftali. Dans L’Énigme Elsa Weiss, l’autrice israélienne romance son existence à partir de sa fin tragique et de la monstruosité de la Shoah. Juive hongroise dont le frère Jan avait émigré en Palestine dans l’entre-deux-guerres, Elsa Weiss perdit ses parents dans les camps, mais échappa à la mort en embarquant dans « le train Kastner » -du nom de cet avocat qui négocia avec les nazis le sauvetage d’un millier de déportés qui ne firent « que » passer à Bergen-Belsen. Un fait de collaboration, un aveu de faiblesse dont on l’accusa: Rudolf Kastner sera assassiné en Israël durant son procès (le jeune État exigeait une mythologie nationale de héros sans reproches, extirpée de ses zones grises). L’un des profils passant dans un roman-quête aussi sobre que palpitant, n’étant pas sans rappeler parfois Austerlitz de W.G. Sebald.

de Michal Ben-Naftali, ÉDITIONS Actes Sud, traduit de l’hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech, 202 pages.

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