Ça part mal: JoeyStarr est en retard. E40 à l’heure de pointe, cet enfer… Il n’en faut pas davantage pour nous l’énerver, le Joey. En débarquant dans les bureaux bruxellois de son label, l’ex-NTM fulmine. « Je pourrais chier mon colon/tellement je suis tendu », rappe-t-il sur son dernier album. « Oui, et c’est du second degré. Je me fous un peu de votre gueule, les journalistes. Je sais pas comment vous écoutez un morceau. Il me semble quand même que c’est pas très complexe. C’est pas du Platon, quoi. Si tu le prends au premier degré, t’expliquer tous les trucs après, ça va être un peu long. » Une caricature donc, que ce morceau intitulé Pourquoi tu t’énerves. En l’occurrence, ce matin-là, Didier Morville n’en est lui-même pas très loin. Une précédente rencontre avait été réellement passionnante. Celle-ci sera plus expéditive…

Dommage car, tout en ne cachant pas son ambition ultime –« l’envie de faire de la scène »-, la ligne électro-ragga-dancehall de Caribbean Dandee tient étonnamment bien la route. Peut-être parce que JoeyStarr ne rayonne jamais autant qu’accompagné d’un sparring partner. En l’occurrence, Nathy, né l’année de la sortie de Rapattitude (1990). Un véritable enfant du hip hop: à 13 ans, il apparaît sur Le Son qui tue, de Rohff. A l’époque, il traîne déjà avec JoeyStarr. Lunettes noires, le verbe pâteux, il explique: « Ma mère gérait le Blue Moon, un magasin de disques spécialisé reggae. Par ce biais-là, je me suis retrouvé à assister à l’émission radio de Didier, SkyBoss. Un jour, il m’a filé le micro. Je devais avoir 9-10 ans. Depuis ce moment, on n’a jamais vraiment cessé de bosser ensemble. » Sur scène (comme sur la tournée précédente du « jaguar »), et donc aujourd’hui sur tout un album commun. Un disque avec une grosse vibe ragga, une reprise de Marley, un sample de Piaf (L’Arène), et un joli Paris par nuit, que médias et autres n’ont pu s’empêcher de ramener aux événements de novembre (« Rien à voir! On va pas nous imposer une thématique, alors que le morceau a été écrit bien avant tout ça. Foutez-nous la paix! »). L’impression générale est que, de toute façon, JoeyStarr continue de faire à peu près ce qu’il veut, fonctionnant « à l’humeur ». Dans sa musique comme dans le reste: gueule d’atmosphère au cinéma, et aujourd’hui à la télé (à moitié à sa place dans la Nouvelle Star). Au final, il reste toujours le même. Pour le meilleur. Et pour le reste aussi.

JOEYSTARR & NATHY, CARIBBEAN DANDEE, DISTR. NAÏVE/PIAS. EN CONCERT E.A. LE 09/07, AUX ARDENTES; LE 12/08, AU BSF.

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