Dans la nuit noire

David Small est davantage connu comme illustrateur de livres jeunesse de l’autre côté de l’Atlantique. En 2010, il faisait une incursion remarquée dans le domaine de la bande dessinée autobiographique avec Sutures, album dans lequel il racontait sa jeunesse dans les années 50. Le voici de retour avec une histoire d’apprentissage, à nouveau située dans l’Amérique des fifties. On y suit le jeune Russell Pruitt et son père dans leur déménagement en Californie après que la mère du gamin a abandonné la maison familiale. Pas facile pour ce dernier de trouver sa place entre un père alcoolique et une sexualité ambivalente. Histoire de sauver sa peau dans la petite ville rurale où les Pruitt ont élu domicile, le jeune Russell va tenter de devenir invisible aux yeux des bandes de garçons malveillants en pleine crise d’adolescence. C’est auprès d’une famille d’immigrés chinois que le garçon et son père vont trouver un semblant d’équilibre. Dans la nuit noire s’attaque très subtilement aux préjugés qui animent une population élevée dans le culte du patriotisme et de la force, mais également aux sentiments paradoxaux qui habitent le jeune Russell, pris entre son désir d’appartenir à un clan normé et son attirance pour la différence et les laissés-pour-compte. Riche de son expérience dans le domaine de l’illustration, David Small aime jouer avec les cases vaguement délimitées et les dessins en pleine page souvent muets. Pour des raisons de rythme et de compréhension, il se plie parfois aux règles du 9e art en adoptant un quadrillage plus rigoureusement délimité. Son graphisme assez brut et très expressif lui permet plutôt de suggérer que d’expliciter les sentiments du jeune garçon.

Dans la nuit noire

De David Small, éditions Delcourt, 416 pages.

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