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 » L’art n’est pas fait pour décorer nos appartements, c’est une arme contre les ennemis« , martelait Picasso. Pas plus que Pablo, Joseph Beuys ne s’évertuait à enjoliver ce système délabré qu’il réprouvait tant. Cet homme aussi sensible que sensé s’est acharné à démontrer les vertus de l’art en tant que vecteur d’expression de la situation politique de la société. Sa sculpture sociale, cette obstination à faire émerger un courant nouveau auquel tout un chacun peut et doit prendre part ( » je ne suis un artiste que si nous nous considérons tous comme des artistes« ), se sera toujours développée hors des clous des autoroutes du marché. Peu importent les matériaux traditionnels et la réalité du terrain, la provocation amène la vie tant qu’elle projette une énergie. Hors de portée de la critique (il délogera gentiment Warhol de son piédestal sur le marché de l’art), cet impénétrable trublion à la gueule d’acteur et au regard pénétrant s’avère aussi magnétique qu’intrigant. Ses audacieuses mises en scène, aussi percutantes que ses inénarrables punchlines, laissent toujours aussi pantois. C’est bien là que cet émouvant portrait prend tout son sens, documentaire fleuve dans lequel il fait bon s’immerger, au gré de monologues oniriques et de travellings flottants, où l’on s’abandonne pour mieux se ressaisir. Et en absorber davantage…

Documentaire d’Andres Veiel.

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