Âme brisée

De la douceur et de la fureur, de la musique et du fracas, du Schubert et des uniformes kaki… Âme brisée s’ouvre sur le combat inégal, le 6 novembre 1938, à Tokyo, entre un quatuor à cordes et les soldats de l’Empire nippon. Dans un pays « dévoré par le cancer nationaliste », Yu ose jouer en compagnie de trois jeunes musiciens chinois. Il est arrêté, et son violon -un Nicolas François Vuillaume de 1857-, écrasé sous les bottes d’une brute trapue. Yu disparaîtra à jamais. Son fils Rei, 11 ans, caché dans une armoire, ne devra la vie qu’à un lieutenant mélomane. Akira Mizubayashi nous invite à le suivre jusqu’en France où il est adopté. Avec un style tout en délicatesse, plein de respect voire de candeur, l’auteur d’ Une langue venue d’ailleurs déroule le destin du jeune Japonais rebaptisé Jacques Maillard. Après des études à la Sorbonne, il file dans les Vosges apprendre l’art de la lutherie, décrit ici avec la science et la légèreté des amoureux des belles oeuvres. C’est à Mirecourt, capitale de la lutherie française, qu’il fait la connaissance d’Hélène, sa future femme. Évidemment, l’histoire ne s’arrête pas là. Il sera bientôt question du Vuillaume paternel ressuscité, de hasards émouvants, d’un voyage au Japon réparateur et, in fine, de la victoire de la musique sur le fracas du monde. Un beau cocktail universel, somme toute.

D’Akira Mizubayashi, éditions Gallimard, 256 pages.

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