Quinqua sportif, François, commercial chez Google, enchaîne les conquêtes avec une conception toute personnelle du travail à domicile. Jusqu’au jour fatidique où la séduisante Clarisse avoue ne pouvoir envisager une relation avec un homme de son âge. Reçus « à la manière d’un uppercut dans le creux épigastrique », ces propos ingénus précipitent le vigoureux gérontophobe vers son obsolescence. « Un délit de sale vieux, en quelque sorte ». Envahi par un sentiment d’injustice, François décide de refuser son âge. Du reste, les chiffres sont formels: son âge physiologique n’excèderait pas les 39,4. L’infamie n’a que trop duré. Rejoint par Tigrane Fenfard, avocat haut en couleur, et assisté par HumanProg, association transhumaniste, François dépose une requête devant la Cour européenne des droits de l’homme pour obtenir une révision de son âge civil. Il sera le patient zéro, le premier transgen en germe de l’humanité: vieillir sera bientôt une faute de goût. Taïaut! Taïaut! Pour sûr, ça taille. Menée tambour battant, cette comédie de moeurs slalome entre un Houellebecq Hibernatus qui aurait forcé sur le bol de caïpirinha et la mauvaise foi suave des dialogues de Jean-Loup Dabadie dans Un éléphant ça trompe énormément. E-santé, jeunisme, intellectuels spiritualistes, poujadisme des débats télévisuels, Grimbert ( Panne de secteur) pratique le tir aux pipes dans le magasin de porcelaine du prêt-à-penser et défouraille dans la posture du missionnaire, non sans grivoiserie, « (…) des cochoncetés du quartier au cours duquel sainte Marie en prend pour son grade. » Savoureux!

De Philippe B. Grimbert, éditions Le Dilettante, 256 pages.

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