Critique scènes: Quatuor enchaîné

© Bruno Simao
Estelle Spoto
Estelle Spoto Journaliste

En ce début de Festival international des Brigittines, gros coup de coeur pour Muyte Maker, le quatuor féminin polyphonique déjanté de Flora Détraz.

Toujours riche en découvertes, le Festival international des Brigittines proposait lors d’une soirée composée la première représentation en Belgique de Muyte Maker (« mutinerie », en flamand ancien), de la chorégraphe française Flora Détraz, elle-même étant sur scène aux côtés de Mathilde Bonicel, Inês Campos et Agnès Potié.

On découvre le quatuor, assis à une table, par morceaux. D’abord, avant même que le spectacle ne commence, ce ne sont que les jambes que l’on voit, habillées de bas blancs et chaussées de pantoufles noires. Puis ce seront les têtes, coiffées d’une parure de fleurs et de fruits, dont les cheveux noués en longue tresse sont reliés par un dispositif de poulies à divers objets contondants (marteau, faucille…) qui montent et descendent derrière elles en fonction de leurs mouvements.

Critique scènes: Quatuor enchaîné
© Bruno Simao

Voici donc quatre femmes attachées comme des chiens qui vont enchaîner a capella, avec une technique époustouflante, des chants tirés du répertoire médiéval et de la Renaissance. Comme Le Beau Tetin, et son contre-blason du Laid Tetin de Clément Marot, soit la description circonstanciée du téton « plus beau que nulle chose » d’une part, et « pendant » et « flétri » de l’autre. Ou Il est bel et bon, madrigal de Pierre Passerau où une femme parle de son mari. Ou encore La la la je ne l’ose dire, où il est question d’un mari qui « n’est pas jaloux sans cause ».

Autour de ces vignettes vocales autour de la femme, les quatre chanteuses déploient des trésors d’inventivité pour tirer tout le parti de leurs mouvements limités par l’enchainement, de mimiques grotesques (on pense aux spectacle de Marlene Monteiro Freitas, pour qui Flora Détras a été interprète) en évocations d’animaux, de bande-son ventriloque de film asiatique en speach délirant. C’est bouffon, c’est grandiose. Encore un ovni que l’on est ravie d’avoir pu saisir au vol.

Muyte Makker : vu le 17 août au Festival international des Brigittines à Bruxelles, qui dure jusqu’au 28 août, www.brigittines.be

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