Suite aux polémiques, l’exposition de Bastien Vivès au Festival d’Angoulême annulée

(FILES) In this file photo taken on August 30, 2021, French comics' author Bastien Vives poses during a photo session in Paris. - The comic world was shook by a controversy on the place accorded to Vives in an exhibition planned by the 2023 Angouleme Comic Festival, as the illustrator is accused of promoting incest and pedo-criminality through some of his works. (Photo by JOEL SAGET / AFP) © Joel Saget/AFP

Pour son cinquantième anniversaire, le plus grand festival européen consacré à la BD avait programmé une exposition consacrée à l’auteur Bastien Vivès, décision largement critiquée suite à certaines oeuvres polémiques de l’artiste. Suite à des menaces de violences physiques envers ce dernier, les organisateurs ont préféré tout bonnement retirer l’événement de leur programmation.

Voilà une histoire qui risque d’entacher les festivités du demi-siècle du Festival d’Angoulême. La venue de Bastien Vivès, énormément décriée sur les réseaux sociaux pour les propos à caractère incestueux ou pédopornographiques de celui-ci, a été définitivement annulée par les organisateurs. Mais alors que certains pouvaient s’attendre à ce que la raison soit d’ordre moral, le festival invoque la protection de l’intégrité physique de l’auteur suite à des menaces de violences de la part d’internautes.

Des pétitions contre la venue de l’auteur ont été lancées début décembre, dénonçant ses BD, notamment Petit Paul, qui avait déjà fait polémique à sa sortie, en 2018, mais aussi les sorties problématiques de Bastien Vivès dans la presse ou sur internet. Dans un article, Le Monde en a sorti quelques-unes : « Parfois je me sens attiré vers des gamines de 10 ou 12 [ans]. On se dit merde, je suis pédophile. Mais bon, je sais pas, y a quelque chose qui se dégage. Bien sûr, je ne fais rien, mais c’est un sentiment humain que tout le monde peut avoir« , « L’inceste, ça m’excite à mort. Pas celui de la vraie vie, mais celui raconté, je trouve ça génial. Tous ces trucs-là font des histoires incroyables. Quand tu transgresses, quand tu fais quelque chose que t’as pas le droit de faire, c’est agréable à lire« , ou encore « Vu que je ne peux pas faire d’inceste dans la vraie vie, et que je n’ai pas de grande sœur pour pouvoir faire ça, je fais ça dans mes livres. » Joint par la rédaction du journal français, Vivès s’est défendu : « Représenter quelque chose n’est pas en faire l’apologie. Je pense qu’on peut tout représenter, cela dépend de comment on le fait. Je peux rire d’un sujet sans en faire l’apologie. J’amène surtout à réfléchir sur les fantasmes. Quand je représente un gamin avec un sexe énorme, c’est que je “me” fantasme dans ce gamin. Quand je représente une fille avec des seins gigantesques, je “me” fantasme également en elle. Quand je dessine Corto [Corto Maltese, personnage d’Hugo Pratt qu’il a repris en 2021, l’instant d’un album], je “me” fantasme en Corto. J’ai toujours fait comme cela dans mon travail. Rappeler, à l’occasion de cette polémique, qu’un enfant sur dix a été victime d’inceste ou de pédocriminalité est dégueulasse, malhonnête. Ce n’est pas de cela que je parle dans mes bouquins.« 

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Dans un communiqué, le Festival d’Angoulême tente de clarifier sa position, rappellant tout d’abord que l’exposition était composée de créations originales et inédites et non de travaux issus de son oeuvre. Il invoque par la suite la liberté d’expression qui incombe aux artistes :

Le Festival considère que l’œuvre de Bastien Vivès, dans son ensemble, relève de la liberté d’expression et qu’il revient à la loi de tracer les frontières dans ce domaine et à la justice de les faire respecter. Le Festival rappelle à cet égard, qu’à sa connaissance, l’auteur, actuellement incriminé sur les réseaux sociaux, n’a fait l’objet d’aucune plainte de quelque nature que ce soit. Il souligne aussi que plusieurs œuvres de Bastien Vivès ont fait et feront l’objet d’adaptations de différentes natures – au cinéma, sur les plateformes, sous forme de séries d’animation… – par différent.e.s artistes et que de nombreux prix lui ont été décernés depuis des années par toutes sortes de jurys. 
À ce sujet, le débat en jeu porte sur des questions aussi anciennes que l’art. Celles relatives à la liberté d’expression et de création, à la responsabilité des artistes, aux nécessaires évolutions sociétales, à la morale, aux barrières entre la fiction et le réel, à la censure, et à l’autocensure. Autant de questionnements qui traversent en permanence un événement comme le Festival, impliquant des publics très divers – familles, enfants, enseignants, pédagogues… – et dont la vocation est aussi celle de la mise en avant de créations d’artistes questionnant nos sociétés.

Les organisateurs ajoutent qu’ils n’étaient pas au courant des propos choquants prononcés auparavant par Bastien Vivès et invitent le principal concerné à s’expliquer « de la manière qu’il jugera opportune« , rappellant « sa vocation, depuis son origine, à être un espace de dialogue et que la culture est un facteur essentiel de rapprochement entre les citoyen.ne.s du monde.« 

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