Critique

À la télé ce samedi: Football et immigration, 100 ans d’histoire commune

Eric Cantona © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Eric Cantona est passé derrière les caméras pour signer son premier documentaire et parler d’un sujet qu’il connaît bien: le rapport entre ballon rond et immigration.

On l’a connu joueur. Enfant terrible de Manchester United et du football français. Acteur de cinéma, dans son propre rôle chez Ken Loach (Looking for Eric) et en rugbyman pour Etienne Chatilliez (Le Bonheur est dans le pré). Mais aussi homme de théâtre incarnant sur les planches l’Ubu, enchaîné, d’Alfred Jarry. Narrateur pour Les Rebelles du foot qui racontait des joueurs (Mekloufi, Socrates…) s’étant opposés au pouvoir, Eric Cantona est cette fois passé derrière les caméras pour signer, accompagné de Gilles Perez, son premier documentaire et parler d’un sujet qu’il connaît bien, lui, le Bleu, petit fils d’immigrés espagnol et italien: le rapport entre ballon rond et immigration.

« En 1998, on pouvait faire des crédits à la banque sans trop de justificatifs, raconte pratiquement en guise d’introduction Jamel Debbouze. Tu arrivais. Tu voulais faire un crédit. Il n’y avait pas de problème. Zidane avait marqué deux buts en finale de la Coupe du monde. Avec plaisir monsieur. Putain en 2001, le même banquier ne te regarde même pas. Mais j’ai rien à voir moi monsieur. Je conduis pas d’avion… J’ai toutes les garanties. Non, vous n’avez pas la gueule qu’il faut. Vous nous faites peur. C’est ça qu’on ressentait. »

Depuis Kopa, fils de mineur polonais immigré dans le Nord, le Napoléon du football comme l’avait surnommé la presse britannique, jusqu’à Zizou, gamin d’Algériens qui a offert au pays son titre sportif le plus prestigieux, en passant par Michel Platini (qui n’a appris l’italien qu’en arrivant à la Juve), Jean Tigana, Luis Fernandez, Basile Boli, Canto raconte une histoire de l’immigration. A commencer par le rapport entre le sport et l’industrie minière. Ce footballeur qui véhiculait les valeurs demandées au travailleur pour l’exploitation du charbon: esprit d’équipe, courage, engagement, solidarité, abnégation… Si Canto est omniprésent, réalise, pose des questions, y répond, revient sur l’histoire de sa famille, et aurait pu offrir à son docu une dimension plus politique, Football et immigration, rythmé par l’avis des joueurs, d’historiens, de philosophes, ou encore du père Zidane, touche à l’humain à travers le récit d’une poignée de destins. Il questionne le chant des hymnes (devenu nécessaire tel un brevet de citoyenneté parce que l’équipe ne représentait plus assez la nation), la fierté du père, le rôle social du football et les origines qui n’empêchent pas d’être français… Une réflexion à hauteur d’homme.

  • DOCUMENTAIRE D’ERIC CANTONA.
  • Ce samedi 29 novembre à 11h15 sur Be 1.

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