Critique

Man of Steel, Superman banalisé

Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

FILM DE SUPER-HÉROS | Zack Snyder revisite le super-héros en mode christique, pugilistique et pompeux. Avec une touche d’ennui par-delà le fracas des batailles.

Ca va très mal sur Krypton. Les locaux ont épuisé les ressources énergétiques de leur planète jusqu’à en attaquer le coeur façon forage de gaz de schiste et de la déstabiliser, la condamnant à une mort imminente. C’est le moment que choisissent le noble Jor-El (Russell Crowe) et sa femme pour engendrer un fils. C’est aussi celui où le général Zod (Michael Shannon, lire son interview dans le Focus du 14 juin) tente un coup d’Etat. Le bébé sera expédié vers la Terre pour qu’il ait la vie sauve, et Zod vaincu envoyé dans l’espace infini purger une peine cruelle pour haute trahison. L’enfant bien arrivé sur terre et adopté par une famille d’agriculteurs (Kevin Costner et Diane Lane) y souffrira d’une différence se manifestant par des pouvoirs spéciaux qui lui seront précieux pour sauver des vies, puis affronter un Zod en rupture de détention spatiale…

Pas très barbu mais barbant

Man of Steel est censé relancer, en la renouvelant, la saga Superman. Zack Snyder et son équipe -dont Christopher Nolan en coscénariste- ont pris l’option de durcir le personnage et le ton. Le bleu des collants a foncé, le costume est devenu armure, le mal-être du personnage (joué par Henry Cavill) est devenu palpable. Bref, on nous a « batmanisé » un Superman qui assumait plutôt bien, dans ses avatars précédents, son côté décalé, maladroit, involontairement drôle et parfois sympathiquement ridicule. Même très spectaculaire à certains moments, l’entreprise ne réussit pas à convaincre de son bien-fondé, assommante qu’elle est d’un sérieux et d’une solennité déplacés.

La première apparition du héros adulte le place à bord d’un chalutier, un bateau de pêche. Il lâchera plus tard qu’il a 33 ans, et prendra soin d’évoluer les bras en croix dans le ciel dont il est tombé, avant de se prêter à quelques considérations grandiloquentes sur son sacrifice potentiel pour assurer et assumer le sauvetage de l’humanité. Bref, la dimension christique de Kal-El, alias Clark Kent, alias Superman, est lourdement soulignée à nos yeux de béotiens qui ne l’avions pas soupçonnée… parce qu’elle n’existait aucunement dans la bande dessinée originale de Jerry Siegel et Joe Shuster! Arborant une courte barbe façon négligé chic ou vagabond céleste qu’il rasera plus tard dans le film, notre avatar de Jésus venu de Krypton n’empêchera pas le film de raser, lui aussi, quand un Zack Snyder sortant de sa somnolence croira bon de nous infliger un pugilat final entre le héros et l’abominable Zod, une bagarre aussi interminable que destructrice de paysage urbain et largement évocatrice d’un épisode de… Transformers. Navrante manière d’achever un spectacle banalisant un super-héros qui n’en demandait pas tant.

Film de super-héros de Zack Snyder. Avec Henry Cavill, Kevin Costner, Amy Adams. 2h23. Sortie: 19/06.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content