Brussels Summer Festival J1: Miss Kittin, Fritz Kalkbrenner, Aeroplane: Soirée Base Check Electrocity

© Frédéric Pauwels
Serge Coosemans
Serge Coosemans Chroniqueur

Ce vendredi soir au Mont-Des-Arts, alors qu’elle livrait un set live en clôture d’Electrocity, la soirée de lancement du Brussels Summer Festival, Miss Kittin a surtout donné l’impression d’une Chantal Goya sous ecstasy en train de tenter d’imiter Grace Jones…

Assurément, le plus grand des respects est dû à Caroline Hervé, alias Miss Kittin, non pas pour ses disques bébêtes sortis avec ou sans The Hacker mais très certainement pour ses qualités assez exceptionnelles de deejay, même si la subtilité techno n’est plus toujours de mise depuis que la Française est devenue tête d’affiche et doit donc trop souvent mouliner du gros beat pouvant plaire autant aux puristes qu’aux touristes.

Au fil des ans, Hervé s’est aussi enfermée dans une esthétique où le second degré est devenu de plus en plus perméable au vraiment ringard. Son jeu de pétasse techno fut hilarant quand elle moquait les travers du bling, des interminables jacasseries sous influences narcotiques et la presse à scandales. C’est nettement moins drôle quand elle reprend très sérieusement Indochine. Autant dès lors ne pas y aller par des chemins trop détournés et lâcher direct le SCUD: ce vendredi soir au Mont-Des-Arts, alors qu’elle livrait un set live en clôture d’Electrocity, la soirée de lancement du Brussels Summer Festival, Miss Kittin a surtout donné l’impression d’une Chantal Goya sous ecstasy en train de tenter d’imiter Grace Jones (la chasuble noire et blanche, la gestuelle d’introduction…) et très vite, sa prestation ultra pataude s’est mise à ressembler à un spectacle de playback comme on peut en voir dans les cabarets gay.

Certes, on s’attendait bien à quelques foutaises. Tout en espérant tout de même se retrouver embarqué dans le monde d’une icône techno propageant le chant des machines et l’utopie groove. Rien de ça, donc. Juste un spectacle boum boum à la limite du pathétique, grosse déception qui confirme une fois de plus le vieil adage du milieu: un bon deejay ne fait pas un bon producteur, encore moins un artiste valable sur scène. Et ce n’est même pas la méchanceté gratuite d’un journaliste aigri qui parle ici mais bien une certaine objectivité puisque la foule se sera considérablement dispersée le temps d’une prestation qui à défaut de tenir du franc foutage de gueule ressemblait tout de même drôlement à une bonne grosse descente de hype, autrement dit une ringardisation avancée. Miss Kittin sur la digue de Blankenberghe avec la caravane de Kapitein Winokio ou animant les présentations des produits Ableton à Auchan, on n’en est plus très loin, si ça continue comme ça. Et c’est en fait assez triste, vraiment pas de quoi rire. Caroline, nom d’une crotte de Rocogne, ressaisis-toi!

Sur le reste, on peut passer assez vite. Fritz Kalkbrenner a délivré un set plutôt moyen de grosse techno de fonctionnaire, sans risque, sautillant mais dégageant à peu près autant de passion qu’un employé de fast-food au moment de griller ses buns.

Nettement plus inspiré, Aeroplane a quant à lui touillé des grosses basses bien disco à de belles montées, du bon boulot de petit artisan. On a sinon raté le reste, assez désolé de ne pas avoir croisé le Brussels Pony Club, très certainement ce qui se fait de mieux dans ce qui monte à Bruxelles en matière électronique (avec Silicon Vallée et Jimi After).

Niveau orga, il y aurait bien des choses à dire (toilettes bondées gérées à la Dour, pas assez de stands pour les tickets, présence envahissante de sponsors…) mais on garde ça pour Test-Achats. Véritable cri du coeur, par contre, quant au choix des débiteurs de boissons alcoolisées. Se voir touiller un Mojito à 6 balles avec de ce bête rhum notoirement financé par la CIA et l’extrême droite cubaine mélangé à de la limonade à 37 cents le litre cinquante d’un célèbre hard-discount, c’est proprement innommable et de loin plus déplaisant qu’une soirée musicale somme toute ni bonne, ni mauvaise, un poil consternante, mais à l’ambiance toutefois plutôt sympathique, il faut bien le dire.

Toutes les photos de la soirée Base Electrocity par Frédéric Pauwels.

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