Le Poids de la neige

Dans son premier roman Le Fil des kilomètres, le Québécois Christian Guay-Poliquin décrivait l’étrange traversée du continent d’un jeune mécanicien décidé à rejoindre son village natal, où son père souffrait d’un mal inquiétant. Dans Le Poids de la neige, ledit narrateur est arrivé à bon port, mais en piètre état, suite à un grave accident qui l’a laissé quasiment paralysé. Une panne générale d’électricité plonge les habitants du patelin dans une atmosphère de fin du monde, sous la chute ininterrompue d’une neige tenace, rigoureuse, fantastiquement déprimante. À son chevet, on flanque un égaré de passage, vieillard caractériel coincé en ces lieux par la malédiction collective. Ce dernier, Matthias, a troqué ses compétences de garde-malade improvisé contre un toit, quelques bûches, vivres et surtout la promesse de pouvoir repartir enfin à la fin de l’hiver. Contraint, à son corps défendant, de faire contre mauvaise fortune coeur amène, il s’engage progressivement dans une entreprise de communication avec le pauvre éclopé, assistant aussi aux rares visites de voisins tous dévorés de sourdes agitations et frustrations bien compréhensibles. Les chapitres, numérotés en fonction de l’épaisseur de la couche de neige extérieure, se succèdent en dessinant par petites touches une communauté recluse aux abois, dont tous les protagonistes (José, Maria…) portent des prénoms « presque » bibliques. Un roman splendide dans son écriture, invitant son lecteur à effectuer comme ces galériens une progression parfois inconfortable mais toujours poétique en terres austères.

DE CHRISTIAN GUAY-POLIQUIN, ÉDITIONS DE L’OBSERVATOIRE, 252 PAGES.

7

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content