Stephen King, le croquemitaine de la télévision

The Outsider © HBO
Nicolas Bogaerts Journaliste

Depuis la sortie de son premier roman, Carrie, en 1974, l’écrivain est devenu, aux yeux du public, le roi du fantastique et du thriller horrifique, grâce, notamment, aux nombreuses transpositions visuelles de ses écrits.

Une cinquantaine d’adaptations au cinéma et une trentaine sous forme de séries ou de téléfilms témoignent de la relation fidèle, féconde, entre Stephen King et les écrans. Si quantité et qualité ne vont pas nécessairement de pair, c’est particulièrement vrai à la télévision, où son oeuvre n’a pas toujours été adaptée à la hauteur des attentes (voir ci-dessous). Alors que durant les années 90 les incarnations télé de l’oeuvre de King étaient cantonnées à des séries B aux ambiances pop corn, délirante et maladroites, la tendance s’est inversée. Mr. Mercedes et le tout récent The Outsider (diffusée actuellement sur BeTV) ont prouvé la compatibilité entre les grammaires littéraires du créateur de Ça et Shining et celles, télévisuelles, capables de donner naissance à des fictions léchées, dignes de cette icône de la pop culture.

Obsessions

C’est aussi que la marque Stephen King a doucement infusé dans les oeuvres de showrunners fascinés. Avec Stranger Things, par exemple, les frères Duffer se sont réclamés de la lignée du King. Les influences n’étaient pas absentes non plus du Lost de J.J. Abrams, le même qui, avec la série Castle Rock, a amalgamé dans un beau kaléidoscope des éléments tirés des oeuvres de l’écrivain natif de Portland -de la même manière que ce dernier a fait voyager certains protagonistes et archétypes d’un livre à l’autre. La matière narrative et les obsessions de Stephen King sont donc désormais prises au sérieux. Et c’est particulièrement vrai avec The Outsider, adapté par le scénariste Richard Price (The Deuce, The Wire) et l’écrivain Dennis Lehane (Mystic River, Gone, Baby, Gone). La série réunit deux éléments récurrents de l’oeuvre de Stephen King: les tourments d’une communauté (familiale, civile…) qui se disloque et la figure monstrueuse, insaisissable et universelle du croquemitaine. Démarrant sur un schéma d’enquête policière ultra-balisé à la télé (la découverte d’un jeune corps atrocement mutilé, l’impact de l’enquête sur les habitants d’une petite bourgade bien sous tous rapports), The Outsider glisse doucement vers l’horreur et questionne la fin des certitudes empiriques, la logique s’effaçant derrière le cauchemar surnaturel.

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Slow thriller

« Les Experts sous somnifères » (« like CSI on sleeping pills« ), titrait le quotidien The Guardian à propos de The Outsider. D’une lenteur presque narcotique, atmosphérique, contemplative, glissant doucement mais sûrement vers le cauchemardesque, The Outsider renoue avec le rythme patient des premières grandes productions révolutionnaires d’HBO (The Sopranos, Six Feet Under). Soutenus par un casting vibrant (Ben Mendelsohn, Cynthia Erivo, Julianne Nicholson), Price et Lehaene ont adapté très librement le livre paru en 2018 et en ont fait une sorte de slow thriller, qui laisse le pressentiment et l’angoisse s’installer, sans leur donner toute de suite l’occasion de se libérer, en retardant les sursauts horrifiques. Il en ressort une certaine esthétique du désespoir, de la perte, comme l’adaptation à la lettre de cette maxime ultra-célèbre du King lui-même:  » Les monstres sont réels, les fantômes aussi, ils vivent à l’intérieur de nous. Et parfois… Ils gagnent « .

The Outsider. Une série HBO créée par Richard Price. Avec Ben Mendelsohn, Cynthia Erivo, Julianne Nicholson. À voir sur Be TV. ****

Filmographie télé sélective

It – « Il » est revenu

de Tommy Lee Wallace, 1990, ABC et M6.

Les gamins et ados qui étaient devant leur écran de télévision en 1993 s’en souviennent: Tim Curry était absolument terrifiant en Pennywise, le clown sanguinaire venu hanter en deux temps une bande de jeune garçons. Visuellement, la minisérie en deux épisode traîne tous les défauts de son temps (musique et mise en scène lourdingues), mais elle conserve néanmoins un certain charme, appuyé par le malaise durable qu’elle a réussi à installer.

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Dead Zone

de Michael et Shawn Piller, 2002-2007, USA et La Une.

Johnny Smith, ici incarné par l’ex- enfant star Anthony Michael Hall (The Breakfast Club, Edward aux mains d’argent), met ses effrayantes prémonitions au service du Bien. Tel un ange gardien, il veille sur son prochain au moyen de ses dons surnaturels, dans cette version très édulcorée et feuilletonnante du classique de l’épouvante adapté en 1983 par David Cronenberg (avec Christopher Walken et Martin Sheen).

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22-11-63

de Bridget Carpenter, 2016, Hulu et Be Tv.

James Franco joue Jake Epping, voyageur dans le temps qui tente de prévenir l’assassinat du président John F. Kennedy et se retrouve dans l’Amérique fantasmée des Golden Sixties. J.J. Abrams, encore lui, produit cette minisérie adaptée du long roman fantastique et éponyme, mais n’en garde qu’une trame largement nostalgique et romantique.

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Mr. Mercedes

de David E. Kelley, 2017, Audience et Be1.

Mis en images par le réalisateur de Big Little Lies, ce polar intimiste et sombre met aux prises un policier à la retraite, Bill Hodges (Brendan Gleeson) avec un tueur en série déglingué, Brady Hartsfield (Harry Treadaway). Le thème de la solitude et de l’isolement, cher à King, trouve ici une épaisseur singulière grâce à la stature de Gleeson et au ton qui alterne humour, terreur et critique sociale.

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