Critique

[À la télé ce soir] The Outsider

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Nicolas Bogaerts Journaliste

Le corps d’un jeune garçon, Frankie Peterson, est retrouvé atrocement mutilé. Les premières analyses ADN ainsi que de multiples témoins oculaires amènent le détective Ralph Anderson (Ben Mendelsohn) à arrêter Terry Maitland (Jason Bateman), le coach de la jeune équipe de base-ball du coin, au beau milieu d’un match. Très vite, de nouvelles preuves semblent innocenter Maitland, le montrant, au moment du meurtre, à des dizaines de kilomètres de là, vidéo à l’appui. L’inspecteur cartésien Anderson se retrouve alors au milieu d’une enquête percée de contradictions, où le surnaturel joue une partition sanglante.

Cette adaptation du dernier livre de Stephen King (publié en 2019) est produite entre autres par Richard Price, écrivain (The Wanderers, Clockers…) et scénariste (The Wire, The Deuce…) connu pour avoir adapté lui-même ses romans au cinéma. Dès lors, la matière originale de King, un basculement minutieux du polar à l’horreur, bénéficie d’une transposition plutôt fidèle. Tout bénéfice pour la première partie de la série, avec un rythme de film noir qui colle littéralement au siège: l’impact du meurtre sur la famille Peterson et sur l’inspecteur Anderson, toujours pas remis de la mort de son propre fils, survenue quelques mois plus tôt, ou encore l’acharnement du jeune procureur, certain de tenir l’affaire qui le fera réélire… Avant une vendetta sanglante qui vient mettre provisoirement un terme à l’enquête.

La deuxième partie tente de rendre la complexité littéraire du roman de King et pourrait bien passer pour une rallonge bavarde. Or, si la tension se dilue, la série gagne en cinématographie et en déploiement des personnages. Alors que d’autres cas similaires et antérieurs apparaissent dans le dossier, et que les morts tragiques alourdissent le bilan, Anderson, complètement dépassé et sûr, désormais, de son erreur initiale, accepte de travailler avec une détective privée aux méthodes peu orthodoxe, Holly Gibney (Cynthia Erivo). Commence alors la traque d’une sorte de croquemitaine, apparu dans les rêves et les souvenirs de plusieurs protagonistes qui n’ont pas soldé les comptes de leur passé, et semble avoir possédé les auteurs de ces meurtres aux contours identiques. Cette dialectique entre raison et surnaturel, polar et horreur, réel et légendes ancestrales est nourrie par une réalisation certes alanguie et pesante, mais vivifiée par des acteurs et surtout des actrices (Julianne Nicholsson dans le rôle de Glory Maitland) qui dévorent l’écran de leurs paranoïas respectives.

Série créée par Richard Price. Avec Ben Mendelsohn, Jason Bateman, Cynthia Erivo. ****

Dimanche 12/01, 03h00, Be 1.

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