À la télé cette semaine: un docu somme, un film culte et une série vintage

© DR

La gadgets de Data dans Les Goonies, l’ambiance seventies de la série britannique Life on Mars ou encore le documentaire choc de la VRT Godvergeten… Voici les moments forts à la télé cette semaine.

Mafias et banques

Mardi 28 novembre à 20 h 55 sur Arte.

Série documentaire de Christophe Bouquet et Mathieu Verboud.

© Yami 2/Arte France

C’est un secret de Polichinelle. Outre leur volonté de ne pas être ennuyés par les flics, la justice et les politiques dans l’organisation quotidienne de leurs activités, les mafieux se sont introduits dans les cercles de pouvoir avec un but bien précis: dissimuler leur argent. En un siècle, la criminalité organisée en col blanc a imposé sa griffe dans le monde des affaires et de la finance internationale. Après le tout aussi recommandable Histoire du trafic de drogue, Christophe Bouquet, ici flanqué de Mathieu Verboud, interroge des années 20 à nos jours les alliances occultes entre le capitalisme financier et les organisations mafieuses dans une série documentaire en trois épisodes riche et bien ficelée. “Les fuites ont permis de montrer la banalité de la corruption mondiale, explique John Christensen, vétéran de la lutte contre l’argent sale. Elles révèlent que des gens ennuyeux comme les banquiers sont largement impliqués dans le circuit de corruption. Ils jouent aux professionnels respectables, alors qu’en réalité ils s’engagent dans un processus à long terme qui permet et facilite les activités criminelles et sapent la démocratie.” La conclusion de cette série documentaire est au final assez simple: il n’existe pas au niveau mondial d’ennemi naturel du crime organisé et de la corruption. Et c’est là que réside tout le pouvoir des criminels. Pas convaincu que ce soit près de changer… (J.B.)

Godvergeten

Mercredi 29 novembre à 20 h 20 sur La Une.

Série documentaire d’Ingrid Schildermans et Ibbe Daniëls.

Se débarrasser de souvenirs, ce n’est pas possible. Ça vous poursuit.” Une femme âgée, toujours bouleversée, montre des vieilles photos de son frère. “Ce garçon était une vraie perle. Et docile. Trop docile. C’est ce qui l’a tué.” Sacré personnage (“Je crache ma bile même si je n’ai plus de vésicule”), Dianne avait des parents très sévères et très croyants. Piet était destiné à devenir prêtre et il allait à l’école de l’abbaye. Une école d’élite avec internat obligatoire. “On voyait son lit de notre terrasse.” Dom Robert, son premier professeur, très présent dans la famille, invité à toutes les fêtes, a abusé de lui pendant six ans. Même lorsqu’ils en ont pris conscience, les parents et le médecin n’ont rien dit et ont fermé les yeux.

Remarquable série documentaire en quatre épisodes réalisée par la VRT (deux volets ne sont malheureusement pas diffusés en télé sur La Une mais uniquement disponibles sur Auvio pour des raisons de planning et de coûts de doublage), Godvergeten se penche sur le scandale de violences sexuelles qui, il y a treize ans, a secoué l’Église catholique de Belgique. Les Oubliés de Dieu rencontre et raconte une vingtaine de victimes. Toutes ont été abusées dans leur enfance par un prêtre ou un père catholique. Il y a Mark, violé des centaines de fois par son propre oncle, l’évêque de Bruges, Roger Vangheluwe. Jean, qui était orphelin dans un couvent. Ou encore Jan et Staf, deux frères qui après la mort de leur paternel ont été abusés en même temps sans le savoir par des religieux différents, qui n’avaient rien à voir l’un avec l’autre.

Tandis qu’ils décrivent de manière brute, avec un courage rare, face caméra, l’horreur vécue dans des paroisses, des internats et des mouvements de jeunesse, se dessine une mécanique. Celle d’ecclésiastiques qui ont exploité la position de faiblesse et de vulnérabilité dans laquelle ces enfants se trouvaient (souvent des parents absents, fauchés, alcooliques et/ou dévots…) pour les dominer et les abuser.

Les faits sont d’une ampleur stupéfiante. Tant en termes de chiffres que de sadisme. Des dizaines de prêtres ont abusé de leurs victimes pendant des décennies aussi bien physiquement que psychologiquement. Le plus gros problème des maltraités est de ne jamais pouvoir passer à autre chose. Ils ont longtemps vécu avec leurs secrets mais il n’y a pas de prescription dans la tête. Alors, ils ont fini par parler, surmontant le sentiment de honte et d’isolement. Brillamment monté (à l’aide de photos et d’images d’archives), également nourri par les avis d’avocats, de policiers, de psychiatres ou encore de Rik Devillé, prêtre et auteur qui a activement soulevé la question des abus dans des livres, Godvergeten témoigne de la profondeur des traumatismes et souligne les efforts de la hiérarchie pour camoufler les abus et les viols. Un documentaire choc et indispensable. (J.B.)

Werner Herzog, cinéaste de l’impossible

Mercredi 29 novembre à 22 h 55 sur Arte.

Documentaire de Thomas von Steinaecker.

© lena herzog

Il est allé explorer les confins de la planète et il en a rapporté les rêves les plus exaltants”, dit l’une (la réalisatrice de Nomadland Chloé Zhao). “Son style est inimitable. On peut essayer de le parodier, mais personne n’est en mesure de saisir le monde tel qu’il le voit”, résume l’autre (Robert Pattinson, qui a joué dans son Queen of the Desert)… Werner Herzog est l’une des plus formidables anomalies du cinéma moderne. “J’ai l’impression que les gens ne savent pas comment me prendre. Ils sont perplexes. Il y a manifestement quelque chose chez moi qui doit les déconcerter”, reconnaît le principal intéressé. Dans ce documentaire entre autres nourri par Joshua Oppenheimer, Wim Wenders, Christian Bale et Nicole Kidman, Thomas von Steinaecker raconte un cinéaste de l’impossible et de l’imprévisible. Un réalisateur pour lequel l’inconnu est la règle. Capable de faire tirer un navire par-dessus une montagne en pleine jungle comme de tourner entre deux pays en guerre (le Pérou et l’Équateur pour le coup). Si Herzog se retrouve au centre de situations improbables parce qu’il le veut bien, ses films sont souvent pour les acteurs des expériences qui leur permettent de tout remettre en question. “Tous naissent de la douleur. C’est ça, leur source, dit-il. Ils n’émanent pas de la joie.” Portrait savoureux d’une figure mythologique du 7e art, d’un cavalier solitaire pour qui il semble presque anodin de se faire tirer dessus avec un fusil à air comprimé… D’ici la fin de l’année, Arte diffusera aussi Rescue Dawn, Nosferatu, fantôme de la nuit et La Ballade de Bruno. (J.B.)

Life on Mars

Jeudi 30 novembre à 20 h 55 sur Arte.

Série créée par Matthew Graham, Tony Jordan, Ashley Pharoah. Avec John Simm, Philip Glenister, Liz White.

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Après Orgueil et préjugés et This Is England, Arte poursuit son récolement des séries britanniques cultes et inédites ici. Produit par la BBC en 2006, Life on Mars offre une variation étonnante sur le motif du voyage dans le temps. À Manchester, dans les années 2000, le commissaire Sam Tyler traque sans relâche un tueur en série insaisissable. Quand un accident le propulse, sur l’air du tube odysséen de David Bowie, au cœur de l’année 1973. Incrédule, il retourne au commissariat, alors sous la férule de l’irascible mais talentueux inspecteur Gene Hunt. Tentant de savoir s’il rêve, s’il est dans le coma ou fait une expérience de mort imminente, Tyler apprend qu’en ville sévit un tueur dont le modus operandi ressemble à celui de son fugitif de 2006. Après une phase d’incrédulité, le récit de Life on Mars s’arrime admirablement au rythme d’un procedural, Tyler étant forcé de s’occuper des affaires courantes et de laisser son serial killer à l’arrière-plan. Comédie et drame se côtoient, saupoudrés par les signes distinctifs du passé: tabagie, post-industrialisme délabré, homophobie et sexisme en roue libre. Le rôle de l’agente Annie Cartwright (Liz White), auxiliaire attentionnée de Sam, apporte beaucoup de profondeur et de détachement à cette succession de régressions. La série joue sur le décalage satirique mais surtout installe une convention: aussi dénué d’explications que soit ce retour dans le temps, celui-ci permet le dénouement d’enquêtes prenantes et la naissance d’un binôme de flics aussi attachant que forcément mal ajusté. (N.B.)

Les Goonies

Vendredi 1er décembre à 20 h 00 sur Plug RTL.

Comédie d’aventures de Richard Donner. Avec Sean Astin, Josh Brolin, Corey Feldman. 1985.

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Réalisé à l’époque par cet habile faiseur qu’était le regretté Richard Donner (The Omen, Superman, L’Arme fatale…), décédé à l’été 2021, Les Goonies est un classique absolu pour tous ceux qui ont grandi dans les années 80 ou en chérissent l’esprit. Le film, produit et imaginé par Steven Spielberg lui-même, orchestre au fond en quelque sorte la rencontre entre un groupe d’enfants tel qu’on pouvait en avoir dans E.T. et le parfum d’aventures propre à la saga Indiana Jones. Une joyeuse bande de copains dont le quartier se trouve sous la menace d’un puissant promoteur y dégotte dans un grenier une vieille carte au trésor menant à un mystérieux bateau pirate. C’est le début d’une fabuleuse quête, riche en périlleux rebondissements… Du personnage de Sinok à la fameuse danse du bouffi-bouffon de Choco en passant par les irrésistibles inventions bricolées de Data, tout est culte et emblématique dans ce grand divertissement pour toute la famille. Une pure madeleine de Proust. (N.C.)

Kroos

Vendredi 1er décembre à 23 h 20 sur Arte.

Documentaire de Manfred Oldenburg.

© Broadview Pictures

Sur le terrain, il a toujours pensé plus vite que les autres. Il incarne le côté rationnel du jeu. Il ne célèbre pas ses buts, ou à peine. Ses équipiers le surnomment Ice Man, comme Val Kilmer dans Top Gun. Toni Kroos n’est pas le joueur le plus spectaculaire de l’Histoire du football, mais avec sa Coupe du monde et ses quatre Ligue des champions, il en possède l’un des plus beau palmarès. “Son poids, sa taille et sa rapidité sont dans la moyenne. Sa principale qualité, c’est son aptitude à voir le jeu de manière plus claire, plus rapide et sous un autre œil que les autres. Il a une grande capacité d’anticipation”, commente à son sujet un journaliste. Le président du Real Florentino Pérez, Robbie Williams, Casemiro, Matthias Sammer, Joachim Low, Miroslav Klose, Zidane, Modric, ses parents et grands-parents, ses agents, son épouse, Pep Guardiola, Sergio Ramos ou encore Gareth Bale racontent un chef d’orchestre dans le sens classique du terme. Le bouc émissaire après la défaite du Bayern en finale de la Champions League dans son propre stade. Et le joueur sérieux qui se montre peu, évite les galas et ne fréquente pas les lieux publics. Un docu assez convenu. (J.B.)

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