Vacra sort son 1er album: « Une fois mes objectifs atteints, je m’en irai. Faire du xylophone, qui sait? »

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Un an après son projet Galatée, Vacra revient déjà avec un premier album, Pygmalion. Désormais à visage découvert, mais avec toujours la même combinaison afro-r’n’b, croonée d’une voix androgyne.

Longtemps, Vacra a entretenu le mystère. Encore aujourd’hui, il ne donne pas son vrai nom et reste évasif sur son âge (29 ans selon nos fouilles sur le Web). Mais pour le reste, il a arrêté de se cacher. Quand on le rencontre, lors de l’étape bruxelloise de sa promo, le rappeur joue le jeu, dispo et avenant, sans chichi ni avoir l’air de forcer sa nature.

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Il est venu parler de ce qu’il considère comme son véritable premier album, Pygmalion. Celui-ci arrive un an à peine après Galatée, projet déjà considérable de onze titres. À l’époque, Vacra révélait enfin son visage, après être resté jusque-là dans l’ombre. Et mettait ainsi fin au débat qui animait les fans de ses premiers tubes, Plan séquence et Tiki Taka: oui, contrairement à ce que son timbre de voix pouvait éventuellement faire penser, Vacra est bien un homme. Aujourd’hui, il assure encore et toujours n’avoir jamais voulu cultiver l’ambiguïté. Ni établi de grandes stratégies marketing pour jouer sur le côté androgyne de sa voix.

Vacra invite Vacra

Dans son nouvel album, il s’en amuse même. Sur le titre Moscou, il monte encore un peu plus dans les aigus pour chanter le deuxième couplet: « J’ai la voix d’une jolie fille ». Le morceau est crédité Vacra featuring… Vacra. Une auto-­invitation: il fallait y penser. « C’est évidemment un clin d’œil, rigole l’intéressé. Une manière de revenir sur cette période où les gens se posaient toutes ces questions sur mon identité: c’est un gars? une fille?… Aujourd’hui, on me demande souvent si le fait que l’on ait pu douter avait pu me vexer. Franchement, ça ne m’a pas plus perturbé que ça. C’est juste que j’aime bien conserver une certaine discrétion. »

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Conçu pour durer

Et peut-être quand même jouer un peu avec les attentes, maniant l’art du contre-pied avec une certaine habileté. Musicalement, Vacra louvoie entre r’n’b sirupeux et afrobeats mélancolique. Mais c’est dans la mythologie grecque qu’il est allé piocher le titre de ses deux projets. Où il est donc question de Pygmalion, sculpteur et roi de Chypre, qui tombe amoureux de l’une de ses œuvres, Galatée. En l’occurrence, Vacra est à la fois le créateur, celui qui jongle avec les identités (comme sur Agent secret, où il passe d’un genre à l’autre, de ­Nicolas à Nicole). Mais il est aussi la création. Celle d’un rappeur qui a accumulé « 15 ans d’échecs » avant de trouver la bonne formule.

Pendant longtemps, Vacra a en effet papillonné. « J’ai fait du rap, du rock, de la chanson, du r’n’b. Je pouvais flasher à un moment sur Amy Winehouse, et demander qu’on ne m’envoie plus que des productions avec un feeling soul. J’ai aussi pris des cours de chant lyrique et appris à mieux gérer ma respiration, pendant deux ans. Aujourd’hui, j’écoute aussi bien du jazz que de la K-pop. Parce qu’au bout du compte, je suis avant tout fan de musique. » C’est en assumant sa voix qu’il va finir par fixer son identité. « J’ai toujours eu ces aigus; mais j’en faisais peut-être un peu trop. C’est quand j’ai vraiment endossé ce timbre, et qu’on a développé ce côté très épuré, que tout s’est débloqué. Parfois, je me demande ce qui se serait passé si je n’avais pas pris cette direction. J’aurais peut-être quand même fait de la bonne musique. Mais ça n’aurait pas été complètement la mienne. »

Racines rap

En l’occurrence, elle passe par une chaloupe r’n’b qui pioche allègrement dans les couleurs afro, rappelant à la fois Hamza et Wizkid. Sur Pygmalion, Vacra invite aussi bien les rappeurs PLK et Josman que l’ambianceur Soolking. Et même Louane. « Je sais que ça va faire tiquer certains. Mais si on s’entend, que la fusion artistique fonctionne, où est le problème? Young Thug a bien fait un duo avec Elton John. Je ne vois pas l’intérêt de mettre les gens dans des cases. » De son passé rap, il conserve tout de même la méthode –« Je n’écris rien, je me pose juste devant le micro et j’enregistre » – et l’écriture –« J’adore la punchline et l’idée qu’en quelques mots, on arrive à poser tout un tableau ».

Sur Pas comme ça, il assure par exemple: « Je veux durer longtemps comme les Volvo ». Quand on lui soumet, il précise toutefois: « J’ai envie que ma musique reste, qu’elle passe les 500 000 kilomètres, et au-delà (sourire). Mais moi, je ne m’éterniserai pas. » On s’étonne qu’il envisage déjà la fin alors que l’aventure ne fait que commencer. « Oui, mais j’ai trop besoin de ma vie pour me perdre dans tout ça. Donc j’ai un schéma, des objectifs, une œuvre qu’on va essayer de réaliser. Tout est écrit. Et quand ça sera accompli, je partirai pour faire ce que je veux, changer de vie. Peut-être me mettre au xylophone, qui sait? »
Vacra, Pygmalion, distribué par Universal. En concert le 11/07 aux Ardentes.

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