Nouvel album, concerts: Blur est de retour

Alex James (avec la tasse): «On ne pourra jamais complètement laisser Blur de côté. Le groupe définit une grande partie de nos vies.» © Reuben Bastienne-Lewis
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Avant de débarquer aux Lokerse Feesten, Blur sortira un nouvel album, The Ballad of Darren, le 21 juillet. Explications avec Alex James, bassiste de ce qui reste l’un des groupes les plus importants de la pop britannique.

Ils l’ont fait! Le week-end dernier, Blur donnait deux concerts complets à Wembley. Même au pic de sa popularité, dans les années 90, le groupe n’avait jamais eu l’occasion de prester dans le stade mythique. Ils y ont joué évidemment leurs classiques –Parklife, Girls & Boys, Song 2…-, mais ils en ont également profité pour glisser des morceaux de leur nouveau disque. Prévu pour le 21 juillet prochain, The Ballad of Darren ressemble probablement le plus à l’idée que l’on peut se faire d’un album classique de Blur.

Il arrive huit ans après The Magic Whip. En 2015, celui-ci scellait la réunion, en studio, de Damon Albarn, Graham Coxon, Dave Rowntree et Alex James. Soit l’un des groupes rock les plus populaires des nineties, tête de gondole de ce qu’on avait alors baptisé la Brit Pop. Avant de se crasher au début des années 2000, broyé par le succès et les dissensions.

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Depuis, Blur s’est donc rabiboché. Plus de 30 ans après ses débuts, le groupe n’est plus forcément la priorité absolue de ses quatre membres -a fortiori pour Albarn, qui n’a cessé de multiplier les projets (Gorillaz, Africa Express, B.O., etc.). Mais il est devenu une sorte de trésor commun, à préserver et chérir. À cet égard, The Ballad of Darren n’aura probablement pas le même impact que The Great Escape, 13 ou Think Tank à leur sortie. Mais ce n’est toujours pas l’album qui viendra entacher une discographie parmi les plus passionnantes et attachantes du rock anglais.

Cheese & wine

Avec les deux dates à Wembley, Blur a pu cocher une case supplémentaire dans ce parcours exceptionnel. Le 19 mai dernier, il donnait également un concert à Colchester, petite bourgade de l’Essex où tout a commencé. Quelques jours plus tard, Alex James prenait un peu de temps par Zoom pour discuter. “Vous appelez de Belgique? Il y a deux semaines, on était encore chez vous avec ma famille. On est allés manger un moule-frites à Zeebruges. Et puis on a acheté plein de fromages.” Forcément.

Après la première mise à l’arrêt de Blur, James a acheté en effet une ferme -où il organise chaque année un festival– et s’est reconverti dans la production de fromages artisanaux. Dernier membre du groupe à ne pas avoir sorti de solo, Alex James représente l’archétype du bassiste rock: le gars cool, rigolard, à la limite du je-m’enfoutisme. Je suis un why-not? kind of guy”, sourit-il. Alors, quand on lui demande pourquoi un nouvel album de Blur, la réponse est toute trouvée… Cette fois, cependant, le pourquoi pas? semble faire sens. Autant The Magic Whip semblait tenir de l’accident -le résultat de sessions improvisées à Hong Kong, et qui n’aurait probablement pas abouti sans l’acharnement de Coxon. Autant The Ballad of Darren paraît avoir presque coulé de source. À en croire en tout cas Alex James…

En novembre, vous annonciez une première date à Wembley, puis une tournée. Finalement, vous avez même trouvé le temps d’enregistrer un nouvel album.

Quand on s’est vus en décembre pour parler des shows, Damon a proposé: “Quitte à remonter sur scène, on pourrait peut-être en profiter pour refaire des nouveaux morceaux, voire un disque?” Après, on n’est jamais sûrs de rien. Même si, chaque fois qu’on est rentrés en studio, ça a donné des choses chouettes. Enfin, à l’une ou l’autre exception près… (sourire)

Dans ce cas-ci, tout est allé très vite. On s’est retrouvés début janvier. Le premier jour, on avait déjà posé les bases de quatre premiers morceaux. Le reste a suivi. Évidemment, il y a toujours l’un ou l’autre titres qui demande plus de travail. Mais dans l’ensemble, le processus a été très fluide. De mon point de vue en tout cas. Il faut dire que les bassistes n’expérimentent pas de la même manière le studio que le chanteur ou le guitariste, qui doivent toujours un peu plus “souffrir” (sourire). Pour moi, ça a été très léger et joyeux. La plupart de mes parties, je les ai posées sans trop d’effort, couché par terre…

Pourquoi était-ce le bon moment pour relancer Blur?

On a chacun nos projets, nos activités. Ce n’est pas simple de se retrouver. D’ailleurs, depuis que je me suis marié, il y a 20 ans, on n’a pas tant joué que ça ensemble, peut-être 20 ou 30 shows maximum. Mais on ne pourra jamais complètement laisser Blur de côté. Le groupe définit une grande partie de nos vies. Quand on se retrouve, il y a une alchimie qui est toujours là.

Bien sûr, après autant de temps, on peut aussi s’agacer les uns les autres. Mais je me souviens que lors de notre toute première répétition ensemble, on a composé une chanson. Ce morceau, on le joue encore. C’est assez incroyable. Aujourd’hui, ce sont toujours les mêmes quatre personnes qui se retrouvent pour enregistrer de la musique ensemble. En l’occurrence je suis très fier de ce disque. Il me fait penser à Modern Life Is Rubbish. Il n’essaie pas d’être quoi que ce soit. C’est juste nous quatre, qui nous exprimons en musique, de la manière la plus honnête et relax possible.

Damon Albarn a parlé de The Ballad of Darren comme d’un “after-shock record”? Que veut-il dire?

Bon sang, si je le savais…

Ne voulait-il pas évoquer la pandémie? Le confinement a-t-il par exemple permis de remettre certaines choses en perspective, comme l’importance d’un groupe comme Blur?

C’est clair que ça a rappelé à quel point la musique est vitale, surtout pour traverser ce genre de moment. À l’époque, j’avais booké Chic pour jouer au Big Feastival, le festival que j’organise dans ma ferme, dans l’Oxfordshire. Quand le manager de Nile Rodgers est venu signer le contrat, il m’a ramené une boîte avec tous les vinyles de Chic. Et puis le Covid est arrivé. On s’est tous mis d’accord pour reporter nos affiches. Ça m’a laissé un an pour me plonger dans la musique de Nile Rodgers, l’étudier en profondeur. C’était fantastique.

© National

Comment interpréter la pochette du nouvel album?

Depuis le début du groupe, on a toujours accordé beaucoup d’importance aux visuels. On a travaillé avec des artistes comme Banksy (la pochette de Think Tank, en 2003, NDLR) ou Damien Hirst (le clip de Country House, en 1995), etc. Les portraits (peints par Julian Opie, NDLR) que l’on a utilisés pour notre Best of sont même exposés aujourd’hui à la National Portrait Gallery. Pour The Ballad of Darren, on a choisi une photo de Martin Parr. C’est le genre d’image qui peut générer de multiples interprétations. Il y a à la fois le côté apaisant, cocooning, avec cet homme qui nage seul dans une piscine. Et en même temps, il y a ce ciel gris menaçant. Et puis, il est possible également de faire une connexion avec la pochette de The Great Escape. Quand on a mis la main dessus, on s’est vite mis d’accord.

Blur, The Ballad of Darren, distr. Parlophone/Warner. Sortie: 21/07.
***1/2
En concert le 08/08 aux Lokerse Feesten.

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