Critique | Musique

Flavien Berger: « Il faut réapprendre à regarder les choses »

3,5 / 5
Flavien Berger: “Je ne suis pas un gros voyageur, un grand explorateur. Je suis plutôt dans mon atelier. Le voyage et l’exploration se font dans la tête.” © National
3,5 / 5

Album - Dans cent ans

Artiste - Flavien Berger

Genre - Pop

Label - Pan European Recording

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Avec Dans cent ans, Flavien Berger boucle sa trilogie pop. Il y explore le mystère de l’avenir et de l’inconscient, et questionne la survivance de la musique.

Il y en a qui traversent la vie comme Jeff Lebowski. À glander en peignoir, jouer au bowling et s’enfiler des White Russians entre deux pétards, absorbés par le ralenti et le take it easy. Il y en a d’autres, tout aussi cool et psychédéliques soient-ils, qui cachent leur hyper-activité et leur jusqu’au-boutisme derrière une apparente nonchalance. Enfant du cinéma, fils d’une monteuse et d’un réalisateur mélomane journaliste chez Jazz Hot, Flavien Berger est toujours en mouvement. Un serial bosseur croisé auprès d’Étienne Daho et d’Étienne Jaumet, avec Salut c’est cool et Céline Devaux (Tout le monde aime Jeanne) ou plus récemment aux côtés de Pomme et de Rone. Depuis Contre-Temps, le cousin machin de la pop française made in Brussels a fait du métacinéma pendant les présidentielles (Jour de gloire), mené une série d’études musicales sur le végétal urbain (De la friche) ou encore fabriqué un clavier sur mesure pour ses concerts à venir. Entretien au long cours avec un intello décontracté.

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Comment as-tu abordé ce nouvel album?

L’idée était un peu cadrée. Parce que j’ai l’impression de finir une trilogie. Ma trilogie pop. Ces albums, ce sont mes albums dont les gens parlent. Mais ce sont mes disques les plus structurés en termes de morceaux, avec des formats de chanson, une certaine place pour la voix, une certaine écriture qui peut être “accueillante” pour un auditoire. Je voulais me lancer dans une ultime exploration. Léviathan était une exploration du monstre qu’est la musique. Contre-Temps, une exploration de la matière temps. Ici, j’ai cherché à explorer l’occulte, à explorer le mystère. Le mystère de l’avenir. Le mystère de l’inconscient. Je me sers de la musique comme d’un marqueur pour une exploration. Avec des petits rendez-vous. Un morceau qui se déploie. Un morceau à numéro. Des thématiques que je réinvestis. J’aime bien le titre de 3 minutes 30, parce que c’est un exercice avec ses codes. Mais j’aime également bosser sur de longs morceaux avec des changements de ton et des revirements stylistiques. C’est pour ça que je parle de morceau qui se déploie. C’est la même histoire qui prend différentes formes. Histoire, ou état, ou point de vue. Je ne fais pas la même chose mais comme ce sont des cadres similaires, ça raconte ce que j’ai à dire à des années d’écart, comment je le réinvestis. Quels sont les styles que je vais aborder? Quelles seront les thématiques? Quelle sera la place de ma voix? Comment je vais composer? Quelle sera l’exigence harmonique? Cette trilogie m’a servi à ça. Puis, c’est un format très pop. En tout cas aujourd’hui. C’est un format de cinéma, c’est un format littéraire. C’est installé… Pourquoi? Ça vient peut-être du monomythe, des trois étapes nécessaires au développement du personnage, des structures bibliques. Je ne sais pas vraiment ce qui a fait que la trilogie a davantage été investie par la culture pop que quatre tomes ou deux. C’est peut-être un format industriel aussi. L’industrie, moi, je m’y inscris. Par les tournées, par le fait que je fais fabriquer des disques qui seront vendus dans des magasins. J’aime jouer avec tout ça. Voir comment j’investis des outils qui me sont donnés.

De quoi voulais-tu parler?

Ce sont des thèmes aussi bateau et classiques qu’avant. Je parle de sentiments, de mon rapport à la mort, de mon rapport à l’amour. Ce qui est plus important, c’est de quelle fenêtre j’ai décidé de regarder les choses. Comment je les retranscris. Avec quel choix stylistique. C’est un travail d’écriture très poussé. J’ai réussi à trouver une manière d’écrire et une structure de travail qui font que j’arrive vraiment à dire ce que je veux. Même s’il y a encore des mots qui m’échappent et que je ne sais pas vraiment ce que ça raconte. J’ai entamé un travail d’analyse il y a deux ans. Ça m’a fait repenser ma manière de parler, de communiquer mes idées sur le papier. Quand je dis analyse, c’est analyse lacanienne. Psychanalyse quoi. Je parle de mes rêves. Je réfléchis aux mots que j’utilise. La psychanalyse, ça reste quelque chose de jeune. C’est assez bizarre. C’est pas vraiment de la science, c’est pas vraiment de l’art. C’est un peu des croyances. C’est un peu tout le temps en mouvement et un peu bancal par moments. Or, on aime bien les sciences dures. J’ai commencé pour des raisons personnelles et ce qui me fait continuer, c’est que ça met en branle une certaine manière de réfléchir. Puis une veille. Une veille sur les mots qu’on utilise. Dans le disque, il y a ça. Une vraie volonté d’explorer l’inconscient. Je ne dis pas que j’associe dans mes textes. Mais il y a des chansons dont je n’ai aucune idée de la thématique. Même si je sais par où on passe, ce que je veux raconter, et pourquoi j’évoque ces images.

C’était déjà le cas auparavant?

Oui, mais je ne le savais pas. J’ai de plus en plus conscience de mon inconscient. Quatre ans nous séparent de Contre-Temps. Plein de choses se sont passées. Il y a donc de nouveaux questionnements politiques qui sont à la hauteur d’où je me place quand je raconte une histoire. Qui j’inclus? Qui je n’inclus pas? D’où je pars? Avec quels outils grammaticaux? Les mots ont une certaine politique. Je ne dis pas que ça a conditionné ma manière d’écrire mais c’était là. Je n’y réfléchissais pas forcément parce que ça venait naturellement. Mais naturel, ça ne veut rien dire. On parle comme on parle parce qu’on a nos propres privilèges. Nos propres positions, notre éducation, notre genre, notre couleur de peau… Je n’ai pas voulu fabriquer un album qui n’existe que sous le prisme de l’inclusion. Mais j’ai réfléchi quand je voulais raconter des choses qui voulaient parler au plus grand nombre à comment je les racontais. Ça en change le sens. Et parfois, c’est encore plus proche de ce que j’ai en tête. Sur Radio contre-temps, j’ai ce morceau, Bientôt jamais estragon. Je parle d’un gars en face d’une fille. Ce sont mes mots. Mais c’est juste que je suis sociabilisé comme hétérosexuel. Et donc qu’une situation de séduction va être une situation d’hétéro. Aujourd’hui, ça me fait tiquer de ne pas dire exactement ce que je veux.

Politiquement, la manière de parler de l’amour, c’est de parler de comment mieux s’aimer. Mais pas de parler de ce qui fait mal.

Comment compares-tu ce nouvel album à ses prédécesseurs?

J’ai envie de parler en termes de vaisseau. Léviathan se déplace sur un rail. Un rail de montagnes russes. On est à bord d’un wagon. Contre-Temps, c’est une voiture tout simplement. On est dans l’habitacle intime. Soit on monte soit on descend une colline et chaque chanson est une nouvelle tête d’épingle. Cette fois, le vaisseau est un bateau. Parce qu’on est aquatique mais en surface. Il y a différents rendez-vous sur le disque avec la surface de l’eau. J’aime bien la métaphore du bateau. En parallèle avec l’idée de ce qu’est un couple, il y a cette idée de navigation. Un couple, ce n’est pas deux personnes sur un bateau, c’est peut-être deux bateaux. Et puis, à certains moments, les vents ne sont pas les mêmes. On doit s’écarter pour mieux se retrouver. Il y a de ça en sous-texte. Les courants qui nous promènent. Puis comme je parle de dans 100 ans, ce n’est pas dystopique mais il y a quand même une vision de montée des eaux.

Pourquoi Dans cent ans justement?

Déjà, il y a une métrique du titre qu’il m’importait de respecter. À un moment, j’ai cru que j’allais parler de Satan mais il s’est évanoui. Je n’ai pas trouvé. Il est là. Il est en fond. Mais il est vaporeux. Je ne m’adresse pas à lui. Je n’ai pas trouvé la fenêtre à la fois poétique et culturelle. C’est un vaste sujet en fait. Dans cent ans parce que ce morceau est lié à un rêve. J’ai vraiment eu une vision du futur. Et il était assez clair que c’était dans un siècle. Après ma mort en tout cas. À 37 ans, je sais que sauf miracle, dans 100 ans, je ne serai plus en vie. Ou en tout cas vraiment pas en forme. Il y avait donc cette idée de parler d’après ma mort. Un truc peut-être romantique mais qui conclut cette trilogie pop sur après mon existence. Où est-ce qu’on met le point final? De notre vie mais aussi de la musique. Parce qu’elle nous survit. Je ne dis pas qu’on écoutera mes disques après ma mort. Mais moi, j’écoute de la musique de gens décédés parce que je trouve leurs vinyles dans des bacs. Il y a cette idée avec laquelle je joue beaucoup. Qu’est-ce qu’un disque? Qu’est-ce que projeter un disque dans le futur? C’est ça Dans cent ans. Finir le geste méta. Après la rencontre de la musique sous forme d’un monstre et le travail sur la musique et le temps. Qu’est-ce qu’un disque pour se remémorer des choses? Qu’est-ce qu’un disque comme dernière trace de la personne qui l’a fait?

Ton rapport à l’amour a fortement changé depuis Contre-Temps?

Oui. Vraiment. Parce que j’ai essayé de déromantiser tout ça. J’ai essayé de ne pas me complaire dans l’évocation des sentiments comme choses douloureuses. Ou comme choses forcément liées à une finitude ou à de la souffrance. C’est apprendre à aimer en donnant des clés. Je ne dis pas que les chansons doivent être du développement personnel, c’est pas du tout ça. Mais plus on insuffle dans notre culture des exemples de choses positives dans l’amour, plus on peut peut-être décaler notre regard romantique. Je n’ai pas de message. Je ne veux pas être donneur de leçon. Mais j’ai essayé de neutraliser le romantisme bête de “l’amour ça fait mal”. Je suis peut-être plus concret. Plus ancré. Cette fantaisie romantique ne me semble pas productive. Elle n’est productive que pour un certain type de personnes. C’est pour ça que je parle de vents et de bateaux. Il y a quelque part de la survivance possible dans l’amour. Parfois, il faut juste que certains bateaux s’éloignent pour savoir quel est leur meilleur vent et mieux se retrouver.

Au moment de Contre-Temps, tu disais avoir été profondément marqué par Black Mirror. Quelles ont été cette fois tes grandes influences?

En fait, j’ai constaté que j’étais très peu inspiré par la musique quand j’en faisais. J’ai pourtant essayé. En voulant parler au début de l’occulte, de croyances qui se rapprochent un peu du diable, je voulais partir en région. Faire une musique très française. Aller voir ce qu’il se passait en Auvergne ou en Mayenne. Mais que ce soit de la musique régionale ou pas, l’appropriation est toujours à deux pas. Et donc, ça ne m’a pas inspiré du tout. Je voulais faire un docu radio. Me promener avec un micro, frapper aux portes, écouter des bourrées, des bals de village. Mais si l’idée était intéressante, physiquement la musique ne m’inspire pas. C’est peut-être l’album sur lequel j’ai le moins de références extérieures. Ce qui m’a ébranlé avant ce disque, c’est un bouquin de Paul B. Preciado: Un appartement sur Uranus. C’est une chronique de changement de genre qui a ébranlé des croyances et m’a ouvert sur des parties de l’humanité que j’ignorais. Preciado est un philosophe, un auteur, un homme trans qui explique à travers son prisme plein de choses sur la vision qu’on a du monde. Des choses hautement importantes pour ce qui nous attend. Là, j’ai commencé son nouvel ouvrage, Dysphoria Mundi, mais Un appartement sur Uranus, c’est le carnet d’une transition. Au-delà du prisme intime. Via une lecture politique, sémiotique. C’est hyper intéressant. Pour moi, ces questions sont centrales parce qu’elles en cristallisent plein d’autres, écologiques ou féministes, fondamentales pour la direction que va emprunter le monde.

Parmi les références de Flavien Berger, Paul B. Preciado et son livre Un appartement sur Uranus, “la découverte d'un monde qu'on ne m'avait jamais montré”.
Parmi les références de Flavien Berger, Paul B. Preciado et son livre Un appartement sur Uranus, “la découverte d’un monde qu’on ne m’avait jamais montré”. © National

L’exploration et le voyage, au-delà de la musique, ce sont des moteurs de ta vie?

Pas trop. Je suis plutôt casanier. C’est pas moi qui vais insuffler l’idée de partir en voyage. Même si j’aime beaucoup. Après mon disque, je suis allé en Thaïlande et au Mexique avant le confinement. C’est hautement traumatique. Ça laisse des séquelles pour le mieux. Mais je n’ai pas besoin de voyager pour parler du voyage. Je crois que je vais de moins en moins prendre l’avion. Pour des raisons écologiques, oui, bien sûr. Les avions ne vont pas arrêter de voler mais bon… Je ne suis pas un gros voyageur, un grand explorateur. Je suis plutôt dans mon atelier. Le voyage et l’exploration se font dans la tête. Ce sont des ailleurs qui permettent de parler encore mieux de l’ici et maintenant.

Tu as fabriqué ce disque chez toi, sous les toits, dans une maison en travaux…

Je m’installais dans une maison que je démolissais. Je pète des murs mais ce n’est pas moi qui les reconstruis. Je me suis juste amusé avec un pied-de-biche à casser des choses.

Pied de biche, c’est le nom d’un de tes morceaux justement..

C’est une chanson qui fait état de ma joie à découvrir un objet. Comme j’ai pu être très heureux de découvrir la fête foraine. C’est aussi simple que ça. Un pied-de-biche, quand on l’utilise, c’est super. Pour la première fois, j’ai des sous-textes. Sans être pour autant dans le message caché. Mais il y a pour le coup, volontairement, différentes portes d’entrée. Le pied-de-biche, c’est ça aussi. J’avais peur de faire une chanson trop évidente sur des sujets comme le féminisme ou l’empuissancement. Mais quasiment tout ce que je raconte dans la chanson est vrai. C’est un outil qui me fascine. Un outil que j’ai vu ma mère utiliser. Un outil que j’ai pu trouver puissant dans l’art contemporain. Puis, c’est un outil silencieux. J’avais juste un peu peur que ça devienne une ode aux forceurs.

Cet environnement a-t-il marqué l’album? Pourquoi l’avoir enregistré dans ces conditions?

Parce que c’était le moment. On peut se rêver dans un endroit parfait avec tous les outils qu’on veut, mais moi, je sais que je peux partir avec mon ordi, un casque et un synthé dans un garage, si c’est le moment d’enregistrer un morceau, je vais le faire. Je ne fais jamais un disque juste dans le temps où je le fais. J’ai toujours de la matière existante. Des morceaux qui à l’époque, en l’état, ne me satisfaisaient pas. Parce que je n’avais pas la bonne idée. Ou peut-être que je n’avais que ça. Je travaille beaucoup par archives, par tiroirs, par épices. Ça a donc été six mois de composition mais aussi de réorganisation. Je me suis vraiment mis à faire ce disque au sortir de la corréalisation de l’album de Pomme. Je ne m’étais jamais vraiment occupé de la musique de quelqu’un d’autre pendant autant de temps. J’avais donc très envie de me reconfronter à la mienne. J’avais des idées. Ça a été productif.

Tu as composé des musiques de films aussi?

Les B.O., je ne les mets pas sur un autre pied que la musique de mes disques. Parce que les choses que je fais, je ne sais jamais vraiment à quoi elles vont servir. C’est le temps qui le décide. Il y a des choses que j’ai faites qui ont terminé dans le film de Céline (Devaux) Tout le monde aime Jeanne, mais qui pour le même prix auraient pu échouer sur mon album. Céline est une amie de longue date. On a tout fait ensemble. J’avais déjà participé à son travail de fin d’études. C’est une des premières personnes qui m’a considéré comme un musicien.

Flavien Berger a signé la B.O. du film Tout le monde aime Jeanne, avec Blanche Gardin.
Flavien Berger a signé la B.O. du film Tout le monde aime Jeanne, avec Blanche Gardin. © National

C’est quoi le métacinéma? Et c’était quoi l’idée de Jour de gloire?

Le métacinéma pour moi, c’est faire un film en direct qui parle de faire un film. Jeanne (Frenkel) et Cosme (Castro), La Comète -c’est le nom de leur association- ont réalisé le clip de Bleu sous-marin extrait de mon premier album. L’idée à l’époque était de tourner un film en plan séquence diffusé en direct sur Internet. Ça évoque à la fois les outils du cinéma, du clip, mais aussi les outils du théâtre. On a continué à monter des projets ensemble. Ce qui nous excitait, c’était le défi technique. La mise en commun de savoirs. Jour de gloire a été l’occasion de se retrouver. Pour le coup, on a voulu se servir du réel. Et quels sont les événements qui rassemblent un peu tout le monde autour d’un écran? Les compétitions sportives et les élections. Le calendrier a fait qu’on a pu tourner pendant le second tour des présidentielles françaises. Une élection est scénarisée de manière assez simple en plus. Alors qu’un match de foot, on ne sait jamais s’il va y avoir un but ou pas. Et quand on écrit une histoire dans laquelle il doit y avoir des rendez-vous, on ne sait pas s’en passer. Je trouve le dispositif super intéressant. On a accompagné cette histoire qui dure une heure et qui se conclut sur le résultat.

En 2021, tu as publié De la friche, une série d’études musicales sur le végétal urbain…

Ce sont des matériaux qui datent du confinement. C’est aussi, je pense, le début d’une série qui concerne des petites choses. C’est pour ça que je l’ai sorti en cassettes audio et en streaming. C’est une espèce d’exploration un peu musicale sur un thème qui se veut modeste. J’ai déménagé de Saint-Gilles à Anderlecht il y a un an. Il y avait ce truc de redécouvrir un peu la friche urbaine. Des espèces de terrains vagues en jachère. Puis j’étais intéressé par le fait qu’on peut bouffer plein de petites herbes en ville. Des mauvaises herbes, comme on dit, qui se bectent. C’était un peu comme la lecture d’Un appartement sur Uranus: la découverte d’un monde qu’on ne m’avait jamais montré. De la richesse contenue dans des choses qu’on pense triviales. L’idée était aussi de faire un disque qui s’apparente encore plus à la musique que moi j’écoute. De la musique un peu informelle, ambient. Avec de la poésie. C’était un geste au plus près de la musique que j’entends quand je me dis que je vais faire un disque.Quelque part, il y a cette volonté dans De la friche -même si je n’en parle pas directement ni dans le texte ni dans la musique- de réapprendre à regarder. De réapprendre à être en tolérance avec des choses qu’on a longtemps considérées comme rebuts, comme mauvaises. On emploie l’expression “mauvaises herbes”. Mauvaises pour qui? Mauvaises pour quoi? Parce que tu veux une terrasse sans mousse? Il faut, je pense, réapprendre à regarder les choses. Ou apprendre à les regarder pour la première fois. Parce qu’il y a plein de trucs qu’on découvre. Cet exercice culturel et politique de sortir d’un ordre établi m’enthousiasme. Sortir de ce qui est bien et de ce qui n’est pas bien. De ce qui est moche et de ce qui ne l’est pas…

En concert le 06/05 aux Nuits Botanique et le 14/07 au Festival de Dour.

Notre critique de Dans cent ans de Flavien Berger

Si, en cet encore jeune XXIe siècle, le meilleur du psychédélisme français (des Limiñanas à Forever Pavot) a tendance à se tourner vers le passé et ses sonorités, Flavien Berger, qui a commencé ado à composer sur une PlayStation, a toujours tourné sa musique vers l’avenir. Fabriquant une espèce de futurisme psyché et cosmique à la croisée de l’organique et du synthétique, de la chanson et de l’électronique. Disque érudit, exploration de l’occulte et de l’inconscient, Dans cent ans joue aussi avec les musiques savantes et traditionnelles, invite à une odyssée cérébrale et sensuelle. Un nouveau voyage dans le temps qui ne peut laisser indifférent.

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