De Tramhaus à La Femme, les tops et flops de dimanche à Dour

© Joris Ngowembona
Julien Broquet Journaliste musique et télé
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Le festival de Dour s’est clôturé, dimanche. Retour sur les concerts qu’il ne fallait pas manquer lors de cette dernière journée.

Le plus étonnant : La Femme

En mai dernier, six mois après la sortie de leur album espagnol Teatro Lucido, Marlon Magnée et Sacha Got, les deux têtes pensantes de La Femme, envoyaient sur Spotify Paris-Hawaï, une carte postale qui sentait bon les vagues, le soleil et les tropiques. Bizarre vous avez dit bizarre. Dimanche, Sacha n’était pas à Dour (ou alors il était bien planqué) pour enflammer la Petite Maison dans la prairie. Ce dont ne s’est pas privé son comparse très bien entouré avec des voix féminines qu’ils ont toujours eu un indéniable talent à dégoter. Un public chauffé à blanc. Une setlist quasi parfaite. Les punks les plus léchés de la pop française ont foutu un sacré bordel. Dégainant tout ce qu’ils avaient de plus tubesque sous la main. Packshot, Où va le monde, Cool Colorado, Mycose, Nous Etions deux, Antitaxi, Sur la planche, Tatiana… Belle fête.

Le plus Pompon : Tramhaus

Ajouté à l’affiche en dernière minute (tardivement du moins) après le forfait des Américains de The Soft Moon, Tramhaus l’a fait. Tôt dans la journée. Dans un chapiteau (La Petite Maison dans la prairie) de 8.500 personnes trop grand pour sa notoriété, certes, mais pas pour ses solides épaules. Porté par Lukas Jansen, ses chorégraphies décalées, sa coupe mulet et son short en jeans façon Pompon (les anciens apprécieront), le groupe de post punk rotterdarmois est passé en force. MACHINE…

© Joris Ngowembona

Le plus immersif: Lambrini Girls

30 secondes. C’est le temps qu’il aura fallu à la chanteuse des Lambrini Girls pour se retrouver avec sa guitare au beau milieu du public. C’est là d’ailleurs qu’elle a passé la majeure partie de son concert. Jusqu’à chanter au beau milieu d’un circle pit en furie. Ce qui en gros s’apparente à changer sa roue sur la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute… Les chansons sont pas dingues mais frontales et faut reconnaître que ça met un sacré bocson. Rendez-vous au Micro Festival pour la séance de rattrapage.

Le plus mystérieux: Heartworms

Dernier buzz du label Speedy Wunderground cher à Dan Carey (Squid, Black Midi…), Heartworms est le projet de l’énigmatique Jojo Orme. Jojo aime PJ Harvey et Interpol, Kraftwerk et Siouxsie, Chopin et Bauhaus. La Londonienne intrigue et fascine avec un rock tendu, nerveux qui affectionne le côté obscur des années 80. Heartworms sera également à l’affiche du meilleur festival liégeois. 

Le plus attaquant : Slift

«SLIFT, c’est la caution psyché/stoner que les Français(es) aiment bien agiter à l’étranger, comme leurs deux étoiles. Mais ici, c’est mérité.» La présentation de Dour a bien fait rire notre éminent collègue de la Voix du nord mais faut bien avouer que les Toulousains ont fait honneur à leur réputation et plus de bruit qu’un stade de France. Plus proche d’Antoine Dupont que de Kylian Mbappé, Slift a tout dézingué. 

Le plus difficile à suivre : Omni Selassi

Ils ne sont pas toujours faciles à comprendre, ces petits Suisses (le batteur de gauche a le même coiffeur que Jacques non?), mais il y a des sacrés bons moments dans la musique d’Omni Selassi. Ce trio kraut/psyché/drone/punk/électro a des drôles de titres de morceaux (Sylvester Stylonce vraiment?) et de tout aussi étranges manières de les faire rebondir. Intriguant et à revoir…

Le plus maltraitant : KEG

Choisir, c’est renoncer. Il fallait se couper en deux et pas de bol, on a mal visé. On est tombé sur la mauvaise moitié. Quand on est arrivé au Garage, les fantasques Anglais de Keg avaient déjà joué leur hymne (Kids) et envoyé leurs gosses fumer de l’herbe. Ca ne les a pas privés de nous foutre de bon poil avec leur trombone et leur énergie contagieuse.

Le plus sauvage: The Psychotic Monks

Il n’y a pas eu que des trucs intéressants au Garage, la nouvelle scène rock du festival, sur l’ensemble du week-end. On verserait même presque une larme quand on voit notamment tous les groupes australiens incroyables qui écumaient ces jours-ci des salles de la taille de votre salon (Watermoulin, Pit’s et Chaff en tête…). En attendant, le concert sauvage et surpuissant des Psychotic Monks a fait office d’apothéose. Libres dans leurs corps, leur musique et leurs têtes, ces gens-là ne sont pas produits par un Gilla Band pour rien.

La plus pince-sans-rire : Sofie Royer

Après avoir fait la première partie de Lana Del Rey, la semaine dernière, à l’Olympia, à Paris, Sofie Royer s’est retrouvée à jouer devant un Labo parsemé. Pas de quoi déstabiliser la musicienne américano-austro-iranienne, à l’humour très tongue-in-cheek. Seulement accompagnée d’une sorte de MC en costard-cravate, elle finira même par attirer quelques curieux supplémentaires, intrigués par sa chamber pop, joliment mélancolique.

© Joris Ngowembona

La plus high : Yaya Bey

Imaginez : au bout d’un mois harassant de tournée, passée par une dizaine de pays différents, Yaya Bey atterrit en Belgique. A Dour. Dur… Heureusement, la chanteuse-poétesse-activiste américaine a pu goûter aux fameuses gaufres belges. Et peut-être à d’autres spécialités locales… «Qui est sous drogue?», fait mine de s’inquiéter l’Américaine. «Personne? Bon sang, je fais mon boulot, faites le votre!». De son côté, elle assure avoir arrêté sa (grosse) consommation de joints, depuis qu’elle s’est rendu compte que sa voix lui permettait « de payer mes factures ». De fait, Yaya Bey chante sa morceaux soul-jazz avec une justesse folle. Sans jamais en faire des tonnes, mais en donnant l’impression d’investir chaque note, de soupeser chaque inflexion. Frissons. 

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