Découvrez les cinq albums de la semaine à ne pas manquer
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle. Et les disques aussi. Entre rap (Souffrance), folk (Beirut), chanson (Témé Tan), pop digitale (PinkPantheress) et jazz cosmique (Miguel Atwood-Ferguson) : voici les cinq bonnes pioches de la semaine
Beirut, « Hadsel »
Quatre ans après Gallipoli, son album italien, (…) Beirut convie cette fois à Hadsel, une île du nord de la Norvège où Zach Condon est parti début 2020 se refaire une santé. Fabriqué dans une église et un chalet, entièrement écrit, joué et enregistré par le natif d’Albuquerque, Hadsel est un de ces disques tristes qui réchauffent les cœurs. Une splendide ode au réconfort bricolée avec des orgues norvégiens (dont celui d’une église en bois des débuts du XIXe siècle), des synthés modulaires, un ukulélé baryton ou encore un cor d’harmonie. Un album à s’écouter religieusement pour entrer en communion avec son auteur et les paysages du Grand Nord. (J.B.)
Souffrance, « Eau de source »
Dans un rap FR qui se cherche, Souffrance déboule tel un super-héros. Le verbe prolétaire, la rime technique, solide sur ses bases. Après Tranche de vie (2021) et Tour de magie (2022), le rappeur de Montreuil sort Eau de source. Désormais validé par le milieu, il peut y inviter à la fois le Roubaisien Zkr, et un gros vendeur comme Vald ou une icône comme Oxmo Puccino. Mais pour le reste, Souffrance maintient le cap. Même plume hardcore, mêmes paysages déclassés (Ciel gris kebab grill). Sur le morceau-titre, il rappe par exemple: «Ils ont perdu leur âme dans la course/C’est pas un drame/J’arrive à leur secours avec de l’eau de source.» Avec toujours cette capacité à s’appuyer sur ses fondamentaux boom bap, poncée dans les années 90-2000, tout en s’inscrivant soniquement dans l’époque. Old school is the new school… (L.H.)
Témé Tan, « Quand il est seul »
Six ans après un premier album, qui l’a amené au bord de l’épuisement, Témé Tan revient avec Quand il est seul. Un nouveau disque lumineux au propos faussement léger et au forfait pop illimité. Achevé en solitaire, il a été concocté à plusieurs. Et témoigne des nombreuses rencontres faites par le Bruxellois tout au long de ces dernières années. Du Québec - Pierre Kwenders, sur le funk de Pancake, Dominique Fils-Aimé sur Douleur, la chanteuse inuite Elisapie sur O.Y. – au Mali – Un grand plat de riz. (L.H.)
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Miguel Atwood-Ferguson, « Les Jardins Mystiques – vol. 1 »
Violoniste, élevé au classique, lié au jazz, Miguel Atwood-Ferguson a participé à plus de 600 enregistrements. Dont de nombreuses sessions pour des artistes rap (en 2011, il a même revisité la musique du producteur J Dilla, dans une pièce intitulée Suite For Ma Dukes). Après avoir accumulé la matière pendant des années, il sort aujourd’hui le premier volume d’une trilogie intitulée Les Jardins Mystiques. Elle s’annonce gargantuesque. Pour cause, rien que ce premier épisode comprend pas moins de 52 pistes. Soit trois heures et demie de musique, mêlant jazz astral, electronica planante, néo-classique aérienne, etc. Auxquelles ont participé e.a. Kamasi Washington, Thundercat, Jeff Parker, DOMI & JD Beck, et même feu Austin Peralta (décédé en 2012, à l’âge de 22 ans). (L.H.)
PinkPantheress, « Heaven Knows »
Repérée sur TikTok, la Londonienne avait sorti l’an dernier une première mixtape To Hell with It. Dix morceaux enchaînés en à peine 18 minutes, confirmant son goût pour les sonorités garage-dubstep des années 90-2000.
Cette couleur rétro est toujours présente sur son premier album. Ce n’est toutefois plus la seule. Heaven Knows s’ouvre par exemple sur une lampée d’orgue d’église. Et se termine par des sons digitaux de jeux vidéo vintage. Entre les deux, la Londonienne solidifie son «jeu» -le single Capable of Love frôle dangereusement les 4 minutes. Et multiplie les pistes. Prouvant que sa pop millennial a assez de corps que pour s’épanouir en dehors de son cocon digital. (L.H.)
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