Critique | Musique

Cadence infernale : King Gizzard & The Lizard Wizard sort son troisième album en un mois

3,5 / 5
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3,5 / 5

Album - “Ice, Death, Planets, Lungs, Mushrooms and Lava” “Laminated Denim” “Changes”

Artiste - King Gizzard & The Lizard Wizard

Genre - Rock

Label - Caroline

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

King Gizzard & The Lizard Wizard livre son troisième album du mois d’octobre. Passage en revue…

Ils nous avaient déjà fait le coup de sortir cinq albums en un an. C’était en 2017 et il y en avait eu pour tous les goûts. Rock, prog, pop, jazz… Toujours prêts à défier les règles du temps et du calendrier, les stakhanovistes chevelus de King Gizzard & The Lizard Wizard dégainent en ce début d’automne pas moins de trois disques en un mois. Les Australiens ont appuyé une première fois sur la gâchette le 7 octobre avec Ice, Death, Planets, Lungs, Mushrooms and Lava. Tout un programme en soi.

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King Gizzard se joue de la cadence. King Gizzard se fout des calibres. Oui, la longueur compte. Et il n’y a ici qu’un morceau pour descendre sous la barrière des 7 minutes 30. Le titre d’ouverture Mycelium semble déconner dans la cour de récréation avec les gentils Vampire Weekend. Fausse alerte. Si Magma respire aussi le soleil et le dépaysement, c’est davantage dans un trip orientalisant. Hell’s Itch baigne dans une pop jazzy à la flûte. Lava coule autour du feu de camp. Stu Mackenzie et ses sbires continuent de se faire plaisir. Le disque est né de sept jours de jam en studio. Des sessions un peu particulières puisque les membres du groupe switchaient d’instruments tous les trois quarts d’heure.

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Laminated Denim est différent. Comme l’électronique et clubber Made in Timeland sorti en mars, il se divise en deux plages de 15 minutes chacune. La première s’intitule d’ailleurs The Land Before Timeland. Le gang des antipodes a le goût du clin d’œil dont il ne cesse de truffer son œuvre. Et ce genre de pistes s’apparente à des promenades, des explorations, des tours en montagnes russes.

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King Gizzard n’est pas le seul à jouer la carte de la profusion. John Dwyer et Ty Segall prennent aussi, pour ne citer qu’eux, un malin plaisir à la surproduction. Reste à savoir si c’est la bonne option… Parce que beaucoup, même des grands fans, ont abandonné en chemin l’idée de ne rien lâcher et de collectionner avidement. A fortiori quand on voit les prix désormais demandés pour un vinyle. Puis parce qu’il y a toujours forcément un peu de remplissage, de non-essentiel… Est-ce que finalement, en sortant autant d’albums et en les construisant de la sorte, King Gizzard est en train de défendre le format ou de le vider de son essence? L’avenir nous le dira. En attendant, en ce dernier vendredi du mois, King Gizzard & The Lizard Wizard boucle son triptyque avec Changes. Un disque sur lequel on n’a aucune peine à reconnaître sa griffe, mais aussi une poignée de chansons sur lesquelles il s’offre quelques petites poussées r’n’b. Quelle cadence…

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