Les décennies Spielberg

Jaws © National

Avec The Fabelmans, le réalisateur signe son film le plus personnel. L’occasion de passer en revue une filmographie s’étendant sur plus de cinq décennies à travers une sélection de titres emblématiques.

ANNÉES 70 Jaws (Les Dents de la mer) 1975

Steven Spielberg a déjà deux longs métrages à son actif –Duel, tourné initialement pour la télévision, et The Sugarland Express– lorsqu’il se lance, au milieu des années 70, dans Jaws. Tourné pour un budget riquiqui (4 millions de dollars qui en deviendront 9), le film, qui raconte l’histoire d’un grand requin blanc attaquant les baigneurs d’une station balnéaire fictive de l’est des États-Unis, acquiert rapidement le statut de phénomène culturel, connaissant un succès critique autant que public, et rapportant quelque 470 millions de dollars au box-office. Non content d’imposer la figure de Steven Spielberg, qui enchaînera avec Rencontres du troisième type, Jaws modifiera durablement le paysage cinématographique, contribuant, aux côtés de Star Wars de George Lucas, à faire entrer Hollywood dans l’ère des blockbusters -phénomène toujours d’actualité.

Raiders of the Lost Ark
Raiders of the Lost Ark © Getty Images

ANNÉES 80 Raiders of the Lost Ark (Les Aventuriers de l’arche perdue) 1981

À l’orée des années 80, Lucas et Spielberg s’unissent, le premier comme producteur, le second comme réalisateur, pour lancer la saga d’Indiana Jones (Harrison Ford), un professeur d’archéologie doublé d’un aventurier téméraire. Raiders of the Lost Ark, qui l’expédie en Égypte à la recherche de l’Arche d’Alliance convoitée par les nazis, est une franche réussite, le cinéaste s’inspirant avec bonheur des serials de la grande époque, des films d’aventures des années 30 et de… Tintin pour créer un héros d’anthologie. Le film est un triomphe, consacrant l’avènement de l’ère Spielberg. Trois autres suivront (et bientôt quatre, The Dial of Destiny, de James Mangold, étant annoncé en juin). Le réalisateur reconnaîtra sa dette à Hergé avec The Adventures of Tintin, cosigné avec Peter Jackson -pas leur plus grande réussite.

The Schindler’s List
The Schindler’s List © National

ANNÉES 90 The Schindler’s List (La Liste de Schindler) 1993

S’il est le roi incontesté du divertissement, Steven Spielberg s’en écarte aussi régulièrement pour aborder des sujets “sérieux” -ainsi déjà de The Color Purple et Empire of the Sun dans les années 80. Le cinéaste s’attèle, en 1993, à son grand œuvre avec The Schindler’s List. Il y évoque la Shoah à travers le destin singulier d’Oskar Schindler, industriel membre du parti nazi qui, tout en exploitant une main-d’œuvre juive dans son usine de Pologne occupée, va s’employer à sauver un maximum de Juifs des camps d’extermination. Et signe un incontestable chef-d’œuvre, dont l’importance ne s’est jamais démentie, au-delà de ses sept Oscars dont ceux des meilleurs film et réalisateur. Spielberg poursuivra son travail de mémoire et de transmission en créant, l’année suivante, The Shoah Foundation Institute for Visual History and Education.

Artificial Intelligence
Artificial Intelligence © National

ANNÉES 2000 Artificial Intelligence (A.I.) 2001

Avec Artificial Intelligence, Spielberg entame les années 2000 en mode science-fiction, un genre avec lequel il renouera dans la foulée pour Minority Report et War of the Worlds. Adapté de la nouvelle Supertoys Last All Summer Long de Brian Aldiss, A.I. occupe une place particulière dans sa filmographie, puisqu’il reprend un projet initié par Stanley Kubrick. Dans un monde futuriste ravagé par le réchauffement climatique, les hommes vivent entourés d’androïdes pouvant accomplir les tâches domestiques, et capables, pour certains, d’aimer. La début d’un récit d’anticipation où David, un enfant robot abandonné par sa mère d’adoption à défaut d’être humain, va tout tenter pour devenir “un vrai petit garçon”, le film, fascinant, s’inscrivant dans le sillage de Pinocchio pour mieux interroger le rapport entre humanité et technologie.

Bridge of Spies
Bridge of Spies © National

ANNÉES 2010 Bridge of Spies (Le Pont des espions) 2015

Du film de guerre à la comédie musicale, de l’anticipation au drame historique, du biopic au film d’aventures, il n’est guère de genre cinématographique auquel Steven Spielberg ne se soit essayé au long de sa imposante carrière. Inspiré d’événements réels et d’un épisode connu comme l’incident de l’U2, lorsqu’un pilote américain avait été capturé en territoire russe, Bridge of Spies s’insinue dans les replis de la guerre froide, voir le réalisateur se frotter au film d’espionnage. Et de retracer, au départ d’un scénario des frères Coen, et sur arrière-plan d’érection du Mur de Berlin, une tortueuse affaire d’échange de prisonniers à laquelle Tom Hanks (dans le rôle du négociateur) et Mark Rylance (dans celui d’un espion russe) apportent intensité, humanité, et jusqu’à ce soupçon de sentimentalisme qui est aussi l’une des composantes récurrentes de l’œuvre.

E.T.
E.T. © National

ET S’IL N’EN RESTE QU’UN… E.T. The Extra-Terrestrial 1982

E.T. Phone Home…” Avec E.T., en 1982, Spielberg donne au cinéma une de ses répliques culte, en plus de l’image, iconique, d’Elliott et la créature, s’envolant au guidon d’un BMX sur fond de pleine lune. S’il ne fallait retenir qu’un titre dans sa filmographie, ce serait celui-là, sans doute son film le plus intimement personnel jusqu’à The Fabelmans. Car s’il s’agit là, stricto sensu, d’une œuvre de science-fiction où il est question d’un extraterrestre atterrissant, bien malgré lui, dans une ville californienne, le film, merveilleux, raconte aussi l’histoire d’un jeune garçon solitaire ébranlé par la séparation de ses parents et en quête de lien comme d’une place dans le monde. En quoi l’on pourra bien sûr voir une allégorie de l’enfance du cinéaste, avec sa capacité rare à conférer à un récit intime une résonance universelle.

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