Lapin maudit ****

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Propulsée sur la scène internationale depuis sa sélection parmi les finalistes du Booker Prize en 2022, l’autrice sud-coréenne Chung Bora a tout pour plaire à ceux pour qui la revanche est un plat qui se mange de mille manières, notamment en faisant usage d’une lampe-lapin. En dix nouvelles retorses, celle qui revendique l’influence de Bruno Schulz (Les Boutiques de cannelle) et connaît par le menu la littérature slave n’a de cesse de plonger jusqu’au tréfonds de l’absurde. Dans L’Éternel Retour, une jeune thésarde croise un fantôme qui tente de s’échapper sur une place de Pologne et noue (au sens propre et figuré) une relation intense et déchirante avec un bibliothécaire hanté par la survie depuis qu’il a été élevé par un grand-père rescapé des camps. La singularité de Chung consiste aussi à mettre le doigt sur la misogynie latente, vraie plaie ouverte. Dans La Tête, une créature naît des débris laissés par une femme dans les toilettes et entend bien obtenir sa considération de mère. La protagoniste des terrifiantes Règles du corps se retrouve subitement enceinte pour avoir prolongé la pilule trop longtemps et subit l’opprobre d’une gynécologue qui la juge irresponsable de ne pas se dégoter un père pour l’enfant à naître… Et plus dure sera sa chute. Tremblements garantis!

De Chung Bora, éditions du Matin Calme, traduit du coréen par Han Yumi et Hervé Péjaudier, 280 pages.

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