Connemara

Retour dans le Grand Est pour le Goncourt 2018, dans cette France périphérique qui vivote au rythme du déclin industriel et des tubes inusables anesthésiant le spleen d’une existence monotone. Grâce à un parcours scolaire sans faute, Hélène s’est arrachée à ce biotope, se frayant une place dans le petit monde privilégié des cadres du tertiaire carnassier parisien. Mais à presque 40 ans et suite à un burn out, elle s’est résignée à revenir vivre sur sa terre natale avec mari et enfants. Un échec très relatif en apparence: elle travaille dans un cabinet de consultance expert en dépeçage administratif et a conservé tous les signes extérieurs de la réussite. Mais une blessure intime pour cette battante qui rêvait de fuir à jamais ces cieux ternes. Tout le contraire de Christophe, lequel n’a jamais quitté son patelin, s’accommode de son train-train sans éclat même s’il sent bien qu’il est passé à côté d’une vie plus excitante lorsqu’à 16 ans il a été la star éphémère de l’équipe de hockey sur glace locale. Ces deux-là, à la trajectoire sociale inversée mais unis par un même sentiment de gâchis, vont vivre une de ces relations qui console des désenchantements et permet timidement de se projeter dans l’avenir. Encore une fois, Nicolas Mathieu fait montre d’une grande justesse dans l’observation des enjeux de notre époque. Si le récit pèche parfois par excès de démonstration sur les thèmes socio-économiques qu’il brasse, il n’en charrie pas moins une tendresse contagieuse pour ces territoires intermédiaires, sans charme mais pas sans chaleur humaine.

De Nicolas Mathieu, éditions Actes Sud, 400 pages.

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