Bruxelles Vie

Béesau: "Quand le Bruxelles arrive de Roméo Elvis est sorti, on est vraiment tombé dedans." © Laura Gilli

« Ne me demande plus comment/J’ai pris racine/Sur tes pavé détrempés entre les rails de ton tramway. » En 2012, Françoiz Breut déclarait sa flamme à sa ville d’adoption, avec le titre BXL Bleuette. Cela fait maintenant plus de 20 ans que la native de Cherbourg y a élu domicile. Au départ pour y accompagner son amoureux de l’époque, Dominique A. Lui repartira, elle restera, musicienne-illustratrice devenue l’une des figures clés de la scène musicale locale. De tout temps, la Belgique a attiré les chanteurs de l’Hexagone. De Barbara à Camélia Jordana, de Miossec à Mathieu Boogaerts. Les raisons, pas forcément fiscales, sont connues. Une certaine douceur de vivre et un immobilier encore accessible, dans une capitale majoritairement francophone. Y ont débarqué récemment Flavien Berger, Ozferti (le projet électro-world de Florian Doucet), Charlène Darling (un premier album lo-fi, Saint-Guidon), Clément Nourry (Under The Reefs Orchestra), la chanteuse (neo)soul Stace, ou encore Rover, alias Timothée Régnier, qui a enregistré son dernier album, Eiskeller, aux anciennes glacières de Saint-Gilles… De son côté, sous le nom de Monolithe noir, Antoine Pasqualini compose des paysages électroniques ombrageux. Il a également ramené l’enseigne Balades Sonores, disquaire parisien installé aujourd’hui dans les Marolles.

Car les Français de Belgique ne poussent pas seulement la chansonnette. Ils s’investissent aussi de plus en plus souvent dans la vie culturelle et événementielle. À l’image par exemple du réalisateur Manou Milon, créateur des capsules live Bruxelles ma belle; ou de Benjamin Fournet, qui a lancé le Ways Around Festival le week-end dernier, à Bruxelles. Né à Clermont-Ferrand, il a toujours travaillé dans la musique, en tant que booker-producteur. « Et puis, il y a six ans, ma femme a eu une opportunité professionnelle à Bruxelles. Aujourd’hui, on ne voudrait plus partir. » Benjamin Fournet a monté sa structure de booking-management. « En étant à Bruxelles, je peux bouger très facilement à Paris, Londres, Amsterdam, Cologne. Et puis au-delà du professionnel, c’est une capitale agréable à vivre, moins chère que Paris, où l’on parle plein de langues différentes. Pendant le confinement, on a aussi fait pas mal de vélo, ce qui a permis de mieux découvrir la ville. » De la même manière, le Ways Around Festival a lui aussi la bougeotte, en se produisant durant trois jours dans trois endroits différents (Atelier 210, Brass, Atomium). « Très humblement, l’idée était de créer un événement autour du rock, indé, post-rock, garage, etc. Toutes des musiques qui frémissent à nouveau, avec des groupes comme Idles qui cartonnent à l’international. »

Charlène Darling
Charlène Darling

Connexions

Artistiquement aussi, la Belgique exerce une attraction outre-Quiévrain. De la même manière qu’avait pu se tracer un axe Rennes-Bruxelles dans les années 80, autour de la scène new wave, la hype rap made in Belgium a aussi produit son petit effet. Producteur notamment pour Ichon, Lala &ce ou Swing, PH Trigano est installé aujourd’hui à Bruxelles. Le trompettiste Béesau a, lui, sorti l’an dernier un premier album, Coco Charnelle pt. 1, sur lequel apparaissait le Bruxellois Primero, membre de L’Or du commun (ODC), et incluait un morceau intitulé +33 <3 +32. "Je me rappelle d'un festival du côté de La Rochelle, y a 5, 6 ans, où jouait l'ODC. C'était très écouté dans notre coin. Je rêvais de pouvoir collaborer avec eux. Pourtant, au départ, je ne connaissais pas trop la scène belge, à part Scylla. Mais quand le Bruxelles arrive de Roméo Elvis est sorti, on est vraiment tombé dedans." Aujourd'hui, Rémy Béesau passe la moitié de son temps à Bruxelles. Via PH Trigano, il a pu rencontrer les membres de L'ODC. "On est devenus potes. Récemment encore, je les ai invités pour une résidence de deux semaines à l'île de Ré, avec YellowStraps, etc." À cheval entre Paris et Bruxelles, quel regard jette-t-il sur la Belgique? "Quand je suis arrivé, j'étais vraiment le "Frouze" de base (rires). Du coup, je me renseigne petit à petit... Pour moi, qui suis fort dans l'affect, dans les rencontres, j'ai l'impression que les connexions se font quand même plus facilement ici. Plus intensément aussi. L'ouverture d'esprit est plus grande. Je me rends bien compte que c'est un peu cliché ce que je dis là, mais je pense quand même qu'il n'y a pas de fumée sans feu."

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