Critique | Livres

La Ligne, de Jean-Christophe Tixier

4 / 5
© Samuel Kirszenbaum

Jean-Christophe Tixier, éditions Albin Michel

La Ligne

352 pages

4 / 5
Philippe Manche Journaliste

Bientôt, deux camps se formeront, qui trouveront une raison de s’opposer à l’autre. Fabriquer un ennemi, un bouc émissaire ou un simple responsable au malheur qui les touche”, écrit l’auteur des Mal-aimés après une bonne moitié de son très (très) noir La Ligne. Soit un roman âpre et rugueux dans la France rurale d’aujourd’hui. Au saut du lit, les habitants d’un petit village découvrent une ligne blanche comme une vilaine cicatrice qui coupe le village en deux. Quelques heures plus tôt, un insomniaque assiste à cette “obscène traînée”. Bien que caché, il sursaute au coup de feu qui déchire l’obscurité et cloue le traceur au sol. Jean-Christophe Tixier est sacrément doué pour être au plus près de la psyché de ses personnages. Et ce roman choral d’être habité par la haine, la tension, la trahison et la violence pure. Il n’est d’ailleurs pas interdit de penser à Franck Bouysse (Buveurs de vent) ou à Antonin Varenne (Battues) pour la colère sourde qui jaillit au fil des pages de ce livre haletant. Un père de famille qui perd le contrôle, un gamin dealer d’herbe, une mère infidèle, un patron de bar désabusé, une fratrie qui attend le dernier souffle du patriarche et maire sont autant de victimes de cette ligne de démarcation. Cette ligne, l’auteur la dénonce avec un insolent talent. Comme un majeur dressé vers le ciel face au racisme, à l’homophobie et à l’intolérance crasse.

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